Revue de sociolinguistique en ligne | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
N°30 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Sommaire
ISSN : 1769-7425 |
Le plurilinguisme en contextes asiatiques : dynamiques et articulations par Fabienne Leconte, Vasumathi Badrinathan et Gilles ForlotCe numéro 30 de Glottopol sur les plurilinguismes asiatiques est inédit à plus d’un titre. D’abord, force est de constater que peu de sociolinguistes francophones se sont jusqu’à présent intéressés à l’Asie et que la recherche sociolinguistique française – et francophone plus généralement – a encore peu investi cette vaste aire géographique. Proposer un numéro sur les plurilinguismes en Asie pouvait en effet paraitre une gageure tant les situations sont diverses, héritées d’histoires tout aussi différentes et complexes, et tant il parait difficile de définir les contours de ce que constitue véritablement l’Asie. Si l’Asie orientale ne nous posait pas de problème d’identification, une des questions que nous nous sommes posées est de savoir où commençait l’Asie et quelles aires pouvaient être éligibles à ce numéro. En effet, la tradition lexico-historique n’hésite pas à adjoindre au nom « Asie » plusieurs locutions adjectivales, montrant de ce fait l’étendue de l’aire géographique et culturelle : Asie mineure, Asie du sud, Asie du sud-est, Asie de l’est, Asie du nord-est, Haute Asie, Asie orientale, Eurasie… Toutes ces déclinaisons, dont certaines recouvrent des réalités identiques, permettent, tant bien que mal, de circonscrire un périmètre géographique, mais laissent naturellement de côté bon nombre de questions civilisationnelles, culturelles, historiques, ethniques, économiques et bien sûr linguistiques de cette Asie aux facettes multiples. Forts d’un héritage souvent linguistique et parfois socio-anthropologique, les sociolinguistes francophones traitant de questions de plurilinguisme ont logiquement construit leurs concepts, leurs objets et leurs méthodes à partir de terrains où le français est – ou était – présent et parlé, générant souvent des situations de bilinguisme, de diglossie ou en tout cas de tensions ou des conflits. L’Afrique, le Maghreb, l’Europe, l’Amérique du Nord et dans une moindre mesure les Antilles, l’Océan Indien et la Polynésie ont ainsi souvent servi de base arrière d’une riche littérature sociolinguistique francophone. On pourrait ainsi, d’ailleurs, s’étonner que la péninsule indochinoise n’ait pas fait l’objet d’une plus grande attention. Est-ce à dire que le français n’est plus guère l’objet d’enjeux dans cette partie de l’Asie du sud-est, convertie comme partout ailleurs à l’anglais langue étrangère ou seconde ? Certes, nous aurions aisément pu nous satisfaire de la foison de publications en anglais sur les situations asiatiques. Celles-ci ont inspiré nombre de travaux, notamment sur les tensions liées aux décolonisations anglo-saxonnes du sous-continent indien et de l’Asie du sud-est (Birmanie, Malaisie, Singapour, Philippines), ou encore sur l’émergence de l’anglais comme lingua franca globale, voire langue officielle et/ou de scolarisation, notamment dans les puissances économiques que constituent depuis longtemps le Japon et désormais la Chine, ou encore celles des quatre dragons asiatiques (Corée du sud, Taiwan, Hong-Kong et Singapour). L’Asie du sud, quant à elle, n’est pas en reste : la recherche anglophone a fourni au lecteur une somme considérable de travaux sur la décolonisation du sous-continent indien, sur la place de l’anglais langue (post-)coloniale et sur les conflits internes sur la reconnaissance et l’officialité des langues présentes sur ces territoires. Bref, la littérature sociolinguistique anglophone offre déjà un panorama divers et approfondi des diversités linguistiques des différentes parties de l’Asie (cf. entre autres Bolton, 2003 ; Kachru et al., 2006 ; Bolton et Kachru, 2007 ; Rappa et Wee, 2006 ; Lee et Suryadinata, 2007 ; Kirkpatrick, 2010 ; Canagarajah, 2013). Mais notre parti pris a été de laisser également la recherche francophone, quel que soit son ancrage disciplinaire – didactique ou sociolinguistique, en l’occurrence – ou épistémologique, livrer ses propres interprétations et analyses à l’aune de l’expérience que se font ses propres chercheurs et des contextualisations auxquels ils se livrent. Dit autrement, on saisit probablement différemment les Philippines, la Chine ou le sud de l’Inde quand on a une expérience française – ou belge, ou suisse… – de la recherche que lorsqu’on a été formé aux États-Unis. Cela permet, à tout le moins, de diversifier les interprétations et les lectures des réalités sociales pour nos lecteurs francophones qui, fort probablement, lisent également les travaux en anglais. Les concepts clés sur lesquels les articles de ce numéro sont construits, sans surprise pour notre discipline, tournent autour de questions d’identités, de constructions nationales et de politiques linguistiques (postcoloniales ou non). On y trouve également développées à divers endroits les problématiques de domination, de marginalisation et de démocratie, problématiques transversales à la plupart des études contemporaines observant la place des langues et des pratiques langagières dans les sociétés plurilingues et multiculturelles. Une première partie aborde la question des plurilinguismes dans les zones où l’anglais, langue de l’ex-colonisateur américain ou britannique, a gardé un statut particulier et une place majeure (Philippines, Singapour, Malaisie, Inde et Sri Lanka). Dans une première partie, nous avons regroupé les articles sur les politiques linguistiques et éducatives dans des situations où l’anglais, langue de l’ex-colonisateur conserve une place majeure. La contribution de Gilles Forlot retrace le parcours sociolinguistique de la république de Singapour depuis son indépendance en 1965. Reposant sur le socle d’un équilibre multiculturel et plurilingue, l’implication de ce petit État dans le capitalisme industriel puis ultérieurement financier lui a garanti, outre une certaine puissance économique, une survie dans le concert des nations modernes. Pour ce faire, l’État a eu recours, entre autres, à des mesures politiques ancrées dans des principes multilingues « pragmatiques », notamment le développement d’un bilinguisme langue anglaise/langue ethnique. Toutefois, l’entrée dans le troisième millénaire a soulevé des questions sur le cap à suivre, et posé des questions sur son fonctionnement glottopolitique. L’article rappelle en effet que dans une société qui se réclame plurielle et multiculturelle comme Singapour, les dynamiques sociolinguistiques sont constitutives de l’action politique. La société singapourienne dans son ensemble, en processus de renouvellement, participe à la redéfinition des politiques linguistiques de son État qui, en dépit d’une avancée plutôt timide vers des pratiques véritablement démocratiques, est non seulement réceptif aux changements, mais aussi à une certaine tolérance pour des pratiques langagières qu’il a stigmatisées pendant plusieurs décennies. On voit ainsi comment l’État reprend la question de la diversité linguistique à son compte et l’instrumentalise pour poursuivre l’écriture du roman national de cette jeune république. Tout comme Singapour, la Malaisie est une ancienne colonie britannique située dans la péninsule malaise et constituée d’une population multiculturelle et plurilingue. L’article de Patricia Nora Riget, Elsa Chou et Jean Severy présentent les politiques linguistiques et éducatives qui ont été menées dans le pays depuis son indépendance en 1957. Ces politiques linguistiques, notamment mises en place dans le système éducatif malaisien durant trois phases historiques (période pré-indépendance ; période de la nationalisation ; période de la mondialisation) sont exposées. Les conclusions de l’article montrent que les autorités malaisiennes, soucieuses de l’unité du pays et du développement de la majorité malaise, ont adopté des politiques souvent descendantes, au détriment des communautés de locuteurs de langues autres, comme les Chinois, les Tamouls ou les peuples autochtones des régions du Sabah et du Sarawak situées sur la partie malaisienne de l’Ile de Bornéo. Les auteurs s’interrogent également sur la place des langues dites internationales et sur celle de l’anglais, langue à statut spécial puisqu’elle a été langue d’instruction scolaire à divers stades et divers titres. L’article de Vasumathi Badrinathan et de Fabienne Leconte s’interroge sur la mise en place d’une didactique du plurilinguisme endogène dans le contexte ô combien multilingue de l’Inde. Après avoir présenté les caractéristiques principales du plurilinguisme indien préexistant à la colonisation britannique et largement remodelée par celle-ci, l’article s’attache à décrire la politique linguistique et éducative du sous-continent qui peut prendre des formes spécifiques en fonction des régions et de leurs histoires particulières. Une attention particulière est ensuite portée à la région de Mumbai où a eu lieu l’enquête effectuée auprès d’enseignants de français d’établissements privés. L’étude montre la persistance de représentations monolingues, diffusées lors de la période coloniale, chez les enseignants de français : les langues indiennes doivent rester à la porte de la classe, le répertoire plurilingue n’est d’aucune aide pour l’apprentissage d’une langue étrangère européenne, seul l’anglais a droit de cité. La dernière partie de l’article propose des préconisations pour instaurer des dispositifs didactiques et élaborer des actions favorisant une compétence plurilingue en contexte indien. En écho à ces préoccupations, Rama Kant Agnihotri, tout en reconnaissant que l’anglais fait partie intégrante de la mosaïque linguistique indienne, appelle dans l’entretien réalisé par Vasumathi Badrinathan et reproduit ici à accueillir les langues des apprenants à l’école et à l’instruction dans les langues de la maison. Consacré à l’Ile du Sri Lanka au sud du sous-continent, l’article de Samanthi Jayawardena s’intéresse aux contacts de langues entre l’anglais et la langue majoritaire du Sri Lanka, le cinghalais. Il s’agit là encore d’un contexte post-colonial, où la présence de l’anglais est hérité de la colonisation et se trouve renforcée par la mondialisation. Historiquement, le cinghalais a eu des contacts avec des langues différentes. Il s’est enrichi des langues anciennes, orientales ainsi qu’occidentales. L’anglais imposé par les colonisateurs britanniques pendant plus d’un siècle qui est devenu aujourd’hui langue de communication, a une présence forte dans le pays. Grace aux échanges mutuels entre le cinghalais et l’anglais, les deux langues ont subi des changements. Il existe une forme particulière d’anglais sri lankais comme il existe de nombreux emprunts à l’anglais dans la langue cinghalaise parlée, mais aussi écrite lorsque les usages sont informels ou que la modernité doit être exprimée. C’est le cas des publicités et des messages sur Facebook, le réseau social le plus populaire. Ce travail met en lumière l’usage fréquent des emprunts qui ne se limite pas aux termes techniques ou informatiques mais inclut également les termes du quotidien. L’auteure s’interroge sur les conséquences de ces emprunts généralisés sur la forme même des langues. L’anglais langue héritée de la colonisation a une importance sociale liée au fait qu’elle est partagée par les deux communautés de l’Ile : cinghalaise et tamoule. Les bilingues tamoul-anglais sont nombreux de même que les bilingues cinghalais-anglais. Ce bilinguisme langue première-anglais très répandu contraste avec le faible nombre de personnes bilingues cinghalais-tamoul, l’anglais servant alors de véhiculaire entre les deux communautés principales de l’Ile. En seconde partie, nous avons regroupé les articles portant sur des situations où l’anglais est enseigné comme langue étrangère sans occuper de position privilégiée dans le pays. Des régions dominées par l’anglais, nous nous orientons vers d’autres zones géographiques où l’impérialisme de l’anglais est moins évident. À partir de la comparaison de trois enquêtes effectuées en trente ans (1985 ; 1999 ; 2015) sur le même terrain du sud de la Chine, dans la ville de Canton/Guangdong, l’article de Louis-Jean Calvet, Luwei Xing et Lihua Zheng évalue à la fois la mise en place de la politique linguistique de la Chine populaire, la résistance du cantonais et les rapports dans les pratiques sociales entre cette langue et la langue standard commune de la République de Chine, le putonghua. L’article met en perspective les résultats des trois enquêtes, puis propose une réflexion sur l’évolution de la situation en trente ans et, de façon plus large, sur les pratiques linguistiques plurilingues, leur évolution et les politiques linguistiques menées en Chine. De façon originale, le texte repose aussi sur le témoignage de Roland Barthes qui, en 1974, participa à un voyage de groupe au cours duquel il eut l’occasion d’interroger des universitaires chinois sur la politique linguistique en cours. L’imposant chantier constitué par l’établissement d’une langue nationale et la simplification d’une partie des caractères est bien avancé. L’article montre que deux choses ont changé en quarante ans : l’abandon de l’idée de remplacer l’ensemble des caractères par le pinyin et les références politiques ou idéologiques répétées à une linguistique « bourgeoise », « révisionniste » vs « une linguistique révolutionnaire »..., dont témoignent les notes de Barthes, ont disparu. Cette contribution montre qu’en dépit de la politique de diffusion du putonghua, le cantonais continue de bien résister et d’être assez largement majoritaire dans la région de Canton, dans les espaces publics non institutionnalisés comme les marchés. L’article de Yufei Guo nous permet d’approfondir le cas cantonais. Elle documente ici la progression de l’usage du putonghua dans les usages familiaux dans la ville de Canton, rendant compte d’une recherche menée auprès d’enseignants, d’élèves et de parents d’une des écoles qui a été partie prenante du mouvement pour la défense du cantonais en 2010. Les discours des enseignants et des familles sur leurs pratiques des langues en présence sont mis en relation avec les pratiques déclarées d’une part et avec les textes gouvernementaux d’autre part. La politique linguistique visant à accroitre l’hégémonie du putonghua passe pour beaucoup par l’école en ce qu’elle est chargée d’inculquer non seulement la langue mais aussi un comportement moral qui ne s’exprimerait qu’en putonghua. Elle passe aussi par un arsenal législatif qui est analysé par l’auteure qui conclut sur l’importance de la violence symbolique de la politique linguistique chinoise visant à l’expansion du putonghua et à la réduction des langues minoritaires. Nous quittons la région de Canton pour élargir la focale à l’ensemble de la Chine avec la contribution de Béatrice Bouvier Laffitte qui analyse cette même politique sous l’angle de l’expansion culturelle. Celle-ci est développée dans deux directions : d’abord vis-à-vis des puissances étrangères pour gagner en prestige au niveau international. L’autre aspect de cette expansion est destiné aux populations chinoises installées à l’étranger et vise à créer du lien et à reconquérir la place hégémonique et référente en termes de culture chinoise de la République populaire de Chine. Cette place a progressivement été perdue depuis 1949. Parmi les différents atouts du patrimoine culturel, l’expansion du putonghua et l’ouverture aux langues étrangères sont devenues une priorité. Les importantes réformes du système éducatif supérieur et les nouvelles politiques linguistiques pèsent de tout leur poids sur les pratiques langagières, les représentations linguistiques et la hiérarchie interne des répertoires de langues. Cette reconfiguration des priorités linguistiques offre une place inattendue à la langue française. La reconquête de la place hégémonique en termes de langue et culture chinoise passe aussi par le développement de l’enseignement du chinois à l’étranger, et notamment en France comme l’analyse Qingyuan Nie-Bareille dans sa contribution. Il s’agit ici pour l’auteure d’analyser la place du chinois dans le paysage linguistique didactique français. Dans les années 1950, les autorités de la République populaire de Chine décrètent une langue officielle nationale commune, le putonghua, dont l’impact est tel qu’elle est dès lors considérée comme la seule langue véhiculaire du pays et même au-delà de la frontière de la Chine. Depuis le début des années 2000, les politiques éducatives en matière d’enseignement des langues étrangères en France ont contribué à faire passer l’enseignement-apprentissage du chinois de la neuvième à la cinquième langue étrangère aujourd’hui enseignée sur le territoire national. Dans ce contexte, l’article interroge le développement de son enseignement en France dans sa dimension historique, l’impact qu’ont les logiques institutionnelles sur les pratiques éducatives et sur l’engagement des apprenants, ainsi que sur le choix de la part des établissements d’enseigner cette langue plutôt qu’une autre. En contrepoint, le texte de Pierre Martinez examine la question des rapports entre sociolinguistique et didactique dans la grande région Asie Pacifique. La réflexion épistémologie et méthodologique, appuyée sur des études de cas, examine les différents facteurs influant sur les politiques linguistiques et éducatives mises en place dans la région. Ces politiques s’appuient d’abord sur des traditions culturelles où le rapport à l’écrit, au code, à la transmission par le maitre et le respect du savoir et du lettré qui le possède sont des éléments déterminants. Pour autant ces traditions culturelles liées à des histoires particulières sont fortement remaniées par la place grandissante de l’anglais y compris comme medium d’enseignement et ce, dans le cadre d’une forte croissance économique et d’un formidable développement technologique. Pour l’auteur, il est fondamental si l’on veut comprendre la dynamique des langues en circulation dans les contextes asiatiques et la complexité de leur appropriation de les replacer dans la diversité de leurs environnements. L’auteur s’interroge ensuite sur les transferts de technologies éducatives, notamment sur le succès du CECR en Asie de l’est dans des contextes où l’évaluation est ancrée au cœur des systèmes éducatifs. Il semble que les objectifs docimologiques et pragmatiques aient été davantage retenus que les objectifs humanistes. L’auteur conclut en appelant à la recherche de finalités conformes à un projet téléologique du plurilinguisme asiatique. À ce projet doit correspondre une didactique endogène fondée sur des réseaux de savoirs et de moyens, et mobilisant une information qui va donc bien au-delà des territoires de la sociolinguistique traditionnelle.
L’objectif de ce numéro de Glottopol était de donner de la visibilité à la recherche sociolinguistique francophone sur les mondes asiatiques, de l’Inde à l’Extrême-Orient, en passant par l’Asie du sud-est. Il demeure certain qu’un panorama complet, pour qui voudrait se lancer dans une exploration de ces mondes, nécessite bien sûr encore de lire des travaux en anglais et sûrement dans les langues de ces aires. Cependant, ce volume a sans nul doute relevé le défi qu’il s’était donné, en cédant la parole en français à une série de chercheurs – dont certains publient également en anglais – sur des thématiques glottopolitiques dans cette partie de notre planète reconnue désormais comme étant la locomotive de notre économie mondialisée. Les recherches sur l’Asie en français sont nombreuses et reconnues comme d’excellente qualité, à l’instar d’institutions et de regroupements tels que l’EFEO, l’IRASEC, le Groupement d’intérêt scientifique Études Asiatiques créé en 2013 (communément appelé GIS Asie) ou encore le Centre d’études de l’Asie de l’Est de l’Université de Montréal. Notre espoir était également qu’un groupe de sociolinguistes d’expression française puissent aussi rendre visible leur recherche sur ces aires et inciter, de ce fait, d’autres à leur emboiter le pas. Bibliographie Notes [1] Sans nécessairement se reconnaitre du champ de la sociolinguistique, quelques auteurs francophones – et, partant, leurs étudiants et doctorants – ont tout de même permis de problématiser et d’enrichir nos connaissances sur les diversités linguistiques et les dynamiques glottopolitiques dans différentes aires asiatiques : Annie Montaut sur l’Inde ; Jérôme Samuel sur l’Indonésie ; Régis Machart sur la Malaisie, par exemple. En outre, comme on le constate dans l’article qu’il co-écrit dans ce numéro, L.-J. Calvet a été un précurseur des études francophones sur les situations de diglossie chinoise du point de vue spécifique de la politique linguistique. [ 2] Voir les travaux de J. Bellassen ou de B. Bouvier Laffitte pour le chinois et ceux de Ch. Galan ou P. Griolet sur le Japon.
Téléchargement des articlesAide et conseils pour le téléchargement
Résumés
Les Philippines présentent un profil linguistique doublement déterminé par une entité territoriale distinctive, l’archipel, et une histoire coloniale atypique, espagnole puis américaine. La topographie découpée de l’archipel a favorisé l’émergence de nombreux groupes ethnolinguistiques et détermine des appartenances plurielles. Les contacts prolongés avec l’Occident ont complexifié les répertoires linguistiques des Philippins en faisant surgir des langues hybrides dans les centres urbains : le chavacano dans les villes de garnison espagnoles et le taglish dans les métropoles américanisées portent chacun les traces d’une mondialisation qui rattache ce pays d’Asie du Sud-Est à la fois au monde hispanisant des grandes découvertes et à celui anglophone de notre village global. Malgré la promotion du filipino comme langue nationale après l’indépendance, le positionnement de l’Etat philippin comme exportateur de main d’œuvre depuis les années 1970 puis l'avènement de l'industrie de la sous-traitance au début des années 2000 ont conduit à sanctuariser la place de l’anglais dans le système éducatif en vue de produire des « travailleurs du monde philippins ». Mots-clés: archipel, filipino, taglish, chavacano, Overseas Filipino Workers, Business Process Outsourcing
Cet article retrace le parcours sociolinguistique de la république de Singapour depuis son expulsion de la Fédération de Malaisie et son indépendance en 1965. Pour assurer la cohésion de ce jeune pays ayant connu une rapide croissance économique, l’État a eu recours, entre autres, à des mesures politiques ancrées dans des principes multilingues « pragmatiques », notamment le développement d’un bilinguisme langue anglaise/langue ethnique. Toutefois, l’entrée dans le troisième millénaire a soulevé des questions sur le cap à suivre et posé des questions sur son fonctionnement glottopolitique. La société singapourienne dans son ensemble, en processus de renouvellement, participe à la redéfinition des politiques linguistiques de son État qui, en dépit d’une avancée plutôt timide vers des pratiques véritablement démocratiques, est non seulement réceptif aux changements, mais aussi à une certaine tolérance pour des pratiques langagières qu’il a stigmatisées pendant plusieurs décennies. On voit ainsi comment l’État singapourien reprend la question de son multilinguisme à son compte et l’instrumentalise pour poursuivre l’écriture de son roman national. Mots clés : Singapour, glottopolitique, multilinguisme, diversité, réflexivité, chinois, singlish
Cet article cherche à présenter les politiques linguistiques et éducatives qui ont été menées par le pays surtout depuis son indépendance en 1957. Après une brève introduction, une revue de la mise en place de la politique linguistique dans le système éducatif malaisien à travers trois phases historiques : la période de la pré-indépendance, la période de la nationalisation (1957-1990) et la période de la mondialisation (post 1990) en rapport avec les facteurs politiques et idéologiques est présentée. L’article continue ensuite avec l’examen des politiques linguistiques et éducatives pour les différentes langues qui se côtoient et coexistent dans le système éducatif du pays aujourd’hui : le malais, l’anglais, les langues malaisiennes et les langues internationales ou étrangères. L’article se termine avec une évaluation des effets et des résultats des politiques linguistiques et éducatives qui ont été mises en place dans ce pays multiethnique et multilingue riche de son passé colonial. Mots clés : Politique linguistique, système éducatif, Malaisie, idéologie, plurilinguisme
Cette étude se donne pour objectif d'étudier les représentations des enseignants vis-à-vis du plurilinguisme dans le contexte profondément multilingue de l'Inde. Que pensent les enseignants de ce plurilinguisme, et quel est impact de ces représentations sur l'enseignement-apprentissage du FLE ? Les représentations des enseignants sont importantes à connaitre pour réfléchir à la mise en place d’une didactique du plurilinguisme qui prenne en compte les langues des apprenants. Après avoir présenté les caractéristiques principales du plurilinguisme indien avec un focus sur la région de Mumbai, l'étude examine les discours d’enseignants de français dans des établissements secondaires privés et propose des préconisations pour instaurer des dispositifs didactiques et élaborer des actions favorisant une compétence plurilingue en contexte indien. Mots clés : compétence plurilingue, représentations, Inde, enquête exploratoire, multilinguisme
Le cinghalais a eu des contacts avec des langues différentes. Il s’est enrichi des langues anciennes, orientales ainsi qu’occidentales depuis des années. L’anglais imposé par les colonisateurs britanniques pendant plus d’un siècle est devenu aujourd’hui langue de communication. Grace aux échanges mutuels entre le cinghalais et l’anglais, les deux langues ont subi des changements. Ce texte aborde les emprunts à l’anglais chez les Cinghalais. Il se concentre sur les emprunts vus notamment dans les publicités et les messages sur Facebook. Cette recherche met en lumière l’usage fréquent des emprunts qui ne limite pas aux termes techniques ou informatiques, mais qui inclut également les termes du quotidien. L’auteure examine ensuite les conséquences de ces pratiques hybrides. Mots-clés : anglais, cinghalais, emprunts, mélange, langue familière
En analysant des discours épilinguistiques et topologiques tenus par les jeunes Hanoïens, cet article tente de montrer que la mise en mots de l’identité hanoïenne catégorise non seulement les lieux de ville mais aussi les locuteurs du hanoïen. L’espace de la ville est attribué à des caractéristiques linguistiques, langagières valorisant l’identité de référence. Nos analyses ont montré que Hanoï est un espace plurilingue où il existe des tensions entre espace, identité et langue. Mots clés : Hanoï, parler hanoïen, discours épilinguistiques, espace, identité, langue
À partir de la comparaison de trois enquêtes effectuées en trente ans sur le même terrain (la ville de Canton, en Chine) on évalue à la fois la mise en place de la politique linguistique de la Chine populaire, la résistance du cantonais et les rapports dans les pratiques sociales entre cette langue et le putonghua. Mots-clés : Canton, Chine, langues et marchés, politique linguistique, putonghua, cantonais.
Cet article aborde la situation linguistique à Guangzhou, à travers le prisme du mouvement pour la défense du cantonais apparu durant l’été 2010 dans la ville. Il se concentre sur trois domaines – gouvernement, école et famille –, situés dans un continuum de macro à microsocial de la politique linguistique. Une étude des textes normatifs, des entretiens avec des enseignants, des élèves et leurs parents, concernant leurs pratiques et leurs représentations linguistiques, ainsi que des données quantitatives sur l’usage des langues à l’école et ailleurs, constituent le corpus de ce travail. Mots-clés: Canton, Chine, politique linguistique, familles, écoles
Après avoir connu un formidable développement économique, la Chine du XXIe siècle se préoccupe de développer son expansion culturelle : auprès des puissances étrangères pour gagner en prestige au niveau international et auprès des populations chinoises installées à l’étranger pour créer du lien et reconquérir (progressivement perdue depuis 1949) sa place hégémonique et référente en termes de culture chinoise. Parmi les différents atouts du patrimoine culturel, l’expansion du putonghua et l’ouverture aux langues étrangères sont devenues une priorité. Les importantes réformes du système éducatif supérieur et les nouvelles politiques linguistiques pèsent de tout leur poids sur les pratiques langagières, les représentations linguistiques et la hiérarchie interne des répertoires de langues. Nous analyserons comment cette reconfiguration des priorités linguistiques offre une place inattendue à la langue française. Mots-clés: Francophonie, politiques linguistiques, réformes éducatives, Chine, pluralité linguistique, FLE, soft power
Depuis le début des années 2000, les politiques éducatives en matière d’enseignement des langues étrangères en France ont contribué à faire passer l’enseignement-apprentissage du chinois de la neuvième à la cinquième langue étrangère aujourd’hui enseignée sur le territoire national. Dans ce contexte, nous nous interrogerons ici sur l’analyse du développement de son enseignement en France dans sa dimension historique, de l’impact qu’ont les logiques institutionnelles sur les pratiques éducatives et sur l’engagement des apprenants, ainsi que sur le choix de la part des établissements d’enseigner cette langue plutôt qu’une autre. Pour ces deux derniers points, nous nous appuierons sur deux enquêtes que nous avons menées auprès d’apprenants de chinois à Angers. Mots-clés: Langue chinoise, apprenants, logiques institutionnelles, politiques éducatives, engagement
Ce texte examine la question des rapports entre sociolinguistique et didactique, sous des aspects qui apparaissent fondamentaux si l’on veut comprendre la dynamique des langues en circulation dans les contextes asiatiques et la complexité de leur appropriation. Successivement : la nécessité d’une réflexion épistémologique et méthodologique, appuyée sur des études de cas significatives illustrant la diversité mise en exergue ; la recherche de finalités conformes à un projet téléologique du plurilinguisme asiatique. À ce projet doit correspondre une didactique endogène fondée sur des réseaux de savoirs et de moyens, et mobilisant une information qui va donc bien au-delà des territoires de la sociolinguistique traditionnelle. Mots-clés : Asie(s), plurilinguisme, diversité des contextes, politiques linguistiques et éducatives, didactique réticulaire.
| | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Dernière
mise à jour : |
GLOTTOPOL GLOTTOPOL GLOTTOPOL | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||