Revue de sociolinguistique
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GLOTTOPOL

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Université de Rouen

Laboratoire Dysola


N°1
Janvier 2003



Sommaire





   glottopol@gmail.com

 

ISSN : 1769-7425

 
  


Quelle politique linguistique pour quel Etat-nation ?


Présentation

Sommaire et téléchargement des articles

Résumés des articles

 


Présentation par Foued Laroussi

"Langue", "nation", "identité", "ethnicité" sont des notions inextricablement mêlées. Peut-on traiter de l'une sans évoquer l'autre ? La question est posée. La réponse, elle, n'est pas évidente. Ce numéro 1 de GLOTTOPOL n'a pas pour objectif de ressasser des notions que les recherches philosophiques et sociologiques ont largement explicitées mais de proposer d'en débattre dans une approche sociolinguistique mettant l'accent sur la problématique linguistique. Eu égard aux événements récents (éveil des identités nationales, dislocation de certains Etats multinationaux, formation de nouveaux groupes multinationaux, mondialisation des échanges…), on peut estimer légitime de replacer le débat sur les rapports entre langue et Etat-nation dans ce nouveau contexte mondial.
Quel sens attribuer au mot nation ? Historiquement, plusieurs sens différents se sont superposés. En latin, le mot natio exprime l'idée de naissance, de famille, de tribu, de peuple. Le sens primitif de la nation correspond à celui attribué aujourd'hui à "ethnie", qu'Anthony Smith (1981 : 66) définit comme suit : "La communauté ethnique, ou 'ethnie', peut être définie comme un groupe social dont les membres partagent le sentiment d'avoir des origines communes, revendiquent une histoire et un destin communs et spécifique, possèdent un ou plusieurs caractères spécifiques et ont le sentiment de leur unité et de leur solidarité."
C'est au XVIIIe siècle que l'Europe des Lumières autonomise la nation par rapport à sa réduction au pouvoir royal ; la nation se confond alors avec la "patrie". En proclamant l'Assemblée nationale, la Révolution transfère vers les représentants de la "nation" la souveraineté jusque-là concentrée dans la personne du roi, instaurant de fait un nouveau concept politique, "la nation source exclusive de la souveraineté". L'article 3 de la Déclaration des droits de l'homme fonde la souveraineté de la nation : "Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément."

Cela va entraîner la confusion entre Etat et nation, préfigurant ainsi l'ère des Etats-nations, sans que le concept primitif de "nation culturelle" ne soit aboli pour autant. Aujourd'hui, les deux sens se superposent, et ce que l'on désigne par "les mouvements nationalistes" n'est autre que l'aspiration d'une nation culturelle à devenir un Etat souverain. Etat que Max Weber (1971 : 416) définit comme "l'organisation séculière de la puissance de la nation".
De manière générale, l'histoire, celle de l'Europe en particulier, nous montre que les nations ont été créées soit à partir d'une communauté de culture ou ethnie, soit à partir d'une volonté politique. Dans le premier cas, les nationalistes œuvrent pour la reconnaissance de leur ethnie comme entité politique ; dans le second, les politiques s'efforcent de renforcer l'homogénéité culturelle-linguistique des populations ; l'idéologie, en justifiant la nation, insiste sur cette homogénéité, avec l'idée implicite qu'elle produit l'unité nationale.
Sur ce point, le XIXe siècle, en Europe au moins, a vécu sur deux conceptions différentes de la nation : la nation "à la française", fondée sur la volonté des citoyens - la nation-contrat - et la nation "à l'allemande", issue de la communauté ethnique et culturelle - la nation organique. Mais quoi qu'il en soit, d'après A. Smith (1981 : 214), la nation n'a pas réussi à "transcender l'ethnicité", en ce sens que toute nation incorpore, réinterprète - certes à des degrés différents - des éléments ethniques préexistants. Aussi cristallise-t-elle des liens de type communautaire entre ses membres.
Par ailleurs, peut-il y avoir nation sans nationalisme ? Pour Max Weber (1971 : 416), la nation, se définissant par "sa volonté de puissance", est moins fondée sur des critères tels que la race, la langue ou la religion que sur la croyance subjective à une communauté : "La communauté politique éveille d'habitude - même dans ses articulations les plus artificielles - la croyance à une vie commune ethnique."

La nation constitue donc une forme politique récente utilisant l'existence de liens ethniques pour construire, à partir d'eux, une unité politique sur un territoire donné. Optant pour cette conception - la nation comme projet politique - Ernest Gellner (1983 : 15) pense que ce sont les nationalismes qui créent la nation : "Bien que certains facteurs objectifs soient d'une grande importance pour la formation de la nation, l'élément le plus essentiel est une volonté collective et efficace". Et c'est ainsi que le patriotisme - lien sentimental unissant l'individu à sa nation - suscite souvent les mouvements nationalistes, voire les conflits entre les nations (cf. Laroussi, ici même).
Sans s'attarder sur la conception de la nation - conception nécessaire à la réflexion sur la problématique linguistique - on peut dire que la nation, comme toutes les production humaines, est le fruit d'une histoire et d'une construction artificielle. Elle n'est pas un donné mais un processus d'intégration de populations diverses qui n'est jamais complètement achevé.
On a vu avec A. Smith (1981) que la nation n'a pas réussi à dépasser l'ethnicité ; on pourrait presque dire la même chose des liens entre nation et identité. Fondée pour faire coïncider communauté de culture et organisation politique, la nation crée l'identité collective ou nationale. Mais comme la nation, l'identité nationale est un processus, non un état. Elle n'est pas donnée ad vitam æternam mais se construit et se modifie avec le temps. La "France éternelle" est un mythe : pas plus que les autres nations, la nation française n'a existé de toute éternité. De toute façon, d'aucuns diront que le mythe est inévitable, nécessaire à l'existence de la nation.
On n'a jamais autant contesté l'Etat-nation que ces derniers temps, ce qui met en cause des acquis longtemps considérés comme intangibles. Ici et là, on assiste à des mouvements pour le moins contradictoires. L'Etat-nation est-il aujourd'hui dépassé, menacé ? Eparpillement communautaire d'un côté, mondialisation des échanges économiques de l'autre le perturbent sérieusement.
Par exemple, sur les ruines des ensembles étatiques multinationaux (Union soviétique, Tchécoslovaquie, Yougoslavie), on a assisté à la multiplication d'Etats-nations, dotés à chaque fois d'une langue nationale propre et tendant à l'homogénéité culturelle et linguistique. La Slovaquie indépendante est, semble-t-il, moins tolérante envers la minorité hongroise que ne l'était l'ancienne Fédération tchécoslovaque. En Bulgarie, la minorité turcophone s'est trouvée contrainte de s'organiser politiquement pour défendre ses droits culturels et linguistiques. La question de la langue est donc ici une donnée fondamentale. Hormis des emblèmes simples tels que le drapeau et la plaque d'immatriculation des véhicules, c'est la langue qui constitue l'emblème national le plus important, en témoignent les langues au sein de l'Union européenne.
Cela me conduit à présenter l'autre mouvement, la tendance au regroupement. En Europe, l'Union européenne ne cesse de s'élargir, de 15 membres, on passera à 25 en 2004 sans oublier que d'autres pays frappent à la porte de l'Union tels la Bulgarie, la Roumanie ou la Turquie. Presque partout dans le monde, on assiste à la formation de grands groupes multinationaux.

A cela il faut ajouter la mondialisation des échanges économiques tendant à faire du monde une sorte de village planétaire. Dans ce contexte nouveau, l'Etat-nation peut-il maintenir encore une politique linguistique centralisatrice qui s'appuie sur l'équation, une langue = une nation, et inversement, ou dépend-il de plus en plus de l'organisation de l'économie et des ententes politiques sur le plan supranational ? La mondialisation des échanges économiques et par conséquent l'intensification des flux transnationaux entraînent-ils le recul de la souveraineté des Etats-nations ? Comment réagissent ces derniers au fait que la formation de nouveaux ensembles politiques et économiques de libre-échange introduit de nouveaux secteurs de gestion sur lesquels ces Etats n'exercent plus de pouvoirs directs ? Le concept de souveraineté nationale étant plus que jamais soumis à des contraintes supranationales, quelle politique linguistique les Etats-nations peuvent-ils envisager dans un contexte où de plus en plus de décisions leur échappent ? Est-il encore concevable de maintenir une politique linguistique fondée sur le sentiment national ?
C'est à ces questions que tentent de répondre les contributeurs à ce numéro 1 de GLOTTOPOL. Il s'agit de textes portant sur des situations aussi différentes qu'éloignées géographiquement, Europe, Maghreb, Amérique latine.
A la lecture de l'ensemble des textes, on peut déjà donner un élément de réponse à ces interrogations. Produit d'une longue histoire politique, d'une culture savante qui a façonné les modes de perception et les représentations sociales, la spécificité nationale demeure malgré la mondialisation des échanges.

Dans un article historique, consacré à la nation française, Guy Lemarchand montre que le concept de "nation" est souvent confondu avec des termes très voisins, "sentiment national", "nationalisme", " ommunautarisme". Aussi se demande-t-il jusqu'où il faut remonter dans le temps pour saisir les origines de la nation en France. Bien qu'il admette que le développement de la philosophie des Lumières et la Révolution de 1789 constituent un événement fondateur - celle-ci ayant remplacé le sujet du roi par le citoyen - il nous invite à rechercher plus haut dans le temps les origines de la nation française. C'est vers le XIIIe siècle - écrit-il - qu'il faut probablement apercevoir les premiers éléments de la nation. "C'est l'Etat monarchique, justifié par le droit divin du roi, qui a commencé à assumer cette tâche en mettant en œuvre des procédures en partie volontaristes de centralisation et d'unification." Mais "il ne faut pas exagérer l'ampleur des innovations du XIIIe siècle et du Bas Moyen-Âge" car "la nation française n'est pas encore née, se mettent en place seulement des conditions nécessaires à son élaboration".
Aussi constate-t-on avec lui que la nation n'est pas uniquement une entité culturelle : "les circonstances générales de son apparition et de son développement en France du XVe au XIXe siècle témoignent de l'importance des facteurs matériels dans la prise de conscience communautaire qui la définit. Guy Lemarchand conclut sur un constat, déjà esquissé supra : la nation est un processus complexe, "combinant structures économiques et démographiques ainsi que mémoire et culture". Toujours "inachevée et remise en cause", la nation "n'est pas une réalité éternelle".
Cependant ce processus complexe de la construction de l'Etat-nation français s'est toujours heurté à des mouvements contestataires, ce qui implique que toutes les différences - culturelles et linguistiques entre autres - ne sont pas toujours susceptibles d'être transcendées par un projet politique commun. Pour ne parler que de l'exemple breton, Laurent Puren, dans un article consacré à la francisation de la Bretagne à la fin du XIXe siècle, montre que la revendication autonomiste n'a jamais cessé malgré la politique de l'Etat établissant une "stricte relation entre la réalisation de l'unité nationale et l'unification linguistique". Son texte, à orientation didactique, montre que la diffusion de la méthode Carré - inspecteur pédagogique - "était surtout motivée par le souci d'accélérer le rattachement de la Bretagne à la mère patrie".

Quant à Dora Carpenter, toujours concernant le contexte français mais à propos de la situation actuelle, elle consacre son texte à l'enseignement de l'arabe en France. Rappelant le débat opposant, en France, défenseurs de l'arabe standard et défenseurs des langues minorées, elle souligne que mondialisation et nouveaux médias redonnent de la vigueur à la dimension standard de la langue arabe. Mais elle conclut en proposant une sorte de compromis selon lequel "l'enseignement de l'arabe ne peut plus faire l'impasse sur la dimension locale (vernaculaire) ni sur la dimension standard (véhiculaire) de la langue".
Constituant une sorte de pont entre les mondes arabophone et francophone, l'article de Gilbert Grandguillaume, consacré à l'arabofrancophonie, montre que "les mouvements de défense des langues maternelles, d'abord discrédités en tant que facteurs de division de l'unité nationale, se sont peu à peu renforcés au fur et à mesure que l'Etat échouait à mettre en œuvre ses objectifs affichés de développement et de démocratie". Ces mouvements ont affaibli la légitimité que l'Etat voulait s'octroyer par le biais de la langue nationale. Grandguillaume pointe à juste titre le paradoxe qui caractérise la politique de l'Etat-nation français, celui-ci plaidant la tolérance et la diversité face à l'hégémonie anglaise mais se révélant hégémonique face à plus faible que lui (la francophonie périphérique). Aussi rappelle-t-il que, lors de la conférence de la francophonie (Beyrouth, octobre 2002), "il a été précisé que le français est la langue de plusieurs nations, bien que la France en soit le centre". Cela implique que "la régulation de la langue ne doit plus venir du centre français mais être l'objet d'une concertation des nations francophones". N'est-ce pas accorder la part belle à la périphérie au détriment du centre ! Il n'y a pas lieu de se réjouir. Ce combat n'est pas encore gagné.

Cela étant dit, que l'on me permette de lever une ambiguïté : le centre dont on parle n'est pas, me semble-t-il, que géographique, il est surtout politique et idéologique. Partant il n'est pas facile, pour une idéologie au service de l'unité nationale, de laisser la place aux minorités linguistiques, voire de partager la décision avec des centres d'intérêt périphériques. C'est l'essence même de la nation qui est en jeu.
Cette politique linguistique homogénéisante est très clairement explicitée dans le texte de Salih Akin et Mehmet Ali Akinci, consacré à la réforme linguistique turque mise en œuvre par Mustafa Kemal Atatürk et ses disciples. En interdisant écoles, associations et publications dans toutes les langues autres que la langue turque, Atatürk s'est livré à "une véritable entreprise de purification de la langue" afin de bannir tout héritage du monde arabo-persan symbolisé par l'Empire ottoman agonisant. Mais aussi paradoxal que cela paraisse, dans leur recherche de l'öz türkçe (turc pur), en même temps qu'ils organisent la chasse des mots d'origine arabo-persane de la langue turque, les idéologues de la réforme linguistique ouvrent la porte grande aux mots empruntés aux langues occidentales, mots considérés du reste comme plus dangereux pour la "pureté" du turc que ne le sont les mots d'origine arabo-persane. Il est donc clair que l'objectif implicite de cette politique linguistique consiste moins à se débarrasser de l'héritage ottoman qu'à inscrire la nation turque dans une culture occidentale.
William Rodriguez, quant à lui, souligne que l'Etat-nation espagnol est passé d'un "corps uniforme à un corps polymorphe" dans lequel certaines langues minorées sont reconnues. Aussi montre-t-il l'effet pervers de la mondialisation entraînant "une véritable anglicisation (américanisation)" de la société espagnole qui "se retrouve autant dans les représentations des individus que dans la langue parlée, le castillan". Dans un autre contexte, celui du Bélarus, Jean-Pierre Jeantheau remarque que la nation biélorusse est née sur des critères linguistiques - le peuple devant son existence aux travaux des linguistes. Aussi souligne-t-il que "la revendication territoriale d'un Etat biélorusse s'est fondée sur l'aire du parler biélorusse", ce qui montre une fois de plus que la langue joue un rôle fondamental dans la construction de l'Etat-nation. Sans doute les deux entités se confondent-elles souvent. Ce n'est pas un hasard si le Parti communiste biélorusse s'est vite emparé de la problématique linguistique pour remettre en cause la domination du russe.

Par ailleurs s'agissant de situations différentes et éloignées géographiquement, le cas de tamazight en Algérie et celui du Mercosur en Amérique latine, on trouve un écho aux textes précédents dans les articles de Mohand Akli Haddadou et de Samantha Chareille. Le texte de Haddadou, consacré à la revendication berbère face à la politique homogénéisante de l'Etat-nation algérien, montre que les Berbères n'ont cessé de lutter pour la reconnaissance de leur langue comme composante - au même titre que l'arabe - de la personnalité algérienne. Face à cette revendication, le courant nationaliste algérien a souvent "entretenu l'amalgame entre berbère et colonialisme", qualifiant les berbérisants de désunionnistes et de séparatistes. En dépit de cela, la revendication berbère persiste, se radicalise (depuis le printemps berbère, 1980) et finit par arracher quelques concessions : un certain infléchissement de la politique étatique, celle-ci passant peu à peu de la négation totale de tamazight à la reconnaissance de celui-ci comme langue nationale. Mais, aux yeux des promoteurs de la langue berbère, cet acquis reste mineur, puisque la Constitution algérienne - notamment dans son article 3 - continue à ne reconnaître comme langue officielle que l'arabe littéraire. Le statut de tamazight reste donc entièrement posé.
En Amérique latine, souligne Chareille, "la diversité linguistique n'a jamais été une préoccupation des Etats toujours soucieux d'homogénéiser leur espace national". Dans le cadre du Mercosur - Marché commun du Sud, mis en place par l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay lors du Traité d'Asuncion (26-3-1991) - se dotant de moyens planifiés (intervention, interdiction, dévalorisation sociale, voire exclusion), des politiques linguistiques d'assimilation sont utilisées comme instrument de cohésion nationale dans le but de réaliser l'unité de l'Etat. Cette politique unificatrice passe entre autres par la minoration de certains groupes linguistiques.

Que conclure ? Le constat est clair : que l'on se penche sur la situation française, maghrébine, biélorusse ou turque, force est de constater que la construction de l'Etat-nation va de pair avec la mise en place d'une politique linguistique homogénéisante et unificatrice. L'idéologie au service de l'Etat-nation, cherchant à produire l'unité nationale, minimise les groupes linguistiques susceptibles de la mettre en cause. Enfin, si l'on admet que la nation continue à être le lieu de l'exercice de la démocratie, ne serait-ce qu'en France, il reste que l'un des aspects fondamentaux de cette démocratie est le droit des minorités à disposer de leurs langues.


Bibliographie
SMITH A., 1981, The Ethnic Revival, Cambridge University Press.
WEBER M., 1971 (réédition de 1913) Economie et société, Paris, Plon.
GELLNER E., 1983, Nation and Nationalism, Oxford, Blackwell.


Sommaire et téléchargement des articles

Aide et conseils pour le téléchargement

Quelle politique linguistique pour quel Etat nation ?

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Présentation par Foued Laroussi

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Nation, Etat, mémoire et culture. Quelques jalons pour l'étude du cas français d'Etat-nation par Guy Lemarchand

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Pédagogie, idéologie, et politique linguistique. L'exemple de la méthode Carré appliquée à la francisation de la Bretagne à la fin du XIXe siècle par Laurent Puren

résumé

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L'arabe, butin de guerre ? par Dora Carpenter Latiri

résumé

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Arabofrancophonie et politiques linguistiques par Gilbert Grandguillaume

résumé

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La réforme linguistique turque par Salih Akin et Mehmet-Ali Akinci

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L'Espagne en 2002 : un laboratoire glottopolitique par William Rodriguez

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Bélarus, de la langue à l'Etat par Jean-Pierre Jantheau

résumé

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Aspects institutionnels de l'aménagement linguistique du MERCOSUR par Samantha Chareille

résumé

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L'Etat algérien face à la revendication berbère : de la répression aux concessions, par Mohand-Akli Haddadou

résumé

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Glottopolitique, idéologies linguistiques et Etat-nation au Maghreb, par Foued Laroussi

résumé

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Compte rendu

Bavoux, Claudine, de Robillard, Didier, (Dir.), Linguistique et créolistique, Paris, Anthropos, collection " univers créole " 2, 2002, 218 p. par Philippe Blanchet

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Débat :

Glottopolitique : ma part de vérité par Jean-Baptiste Marcellesi

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Résumés

Nation, état, mémoire et culture. Quelques jalons pour l'étude du cas français d'Etat-nation par Guy Lemarchand

Presque absente depuis 1950 de la recherche historique, sans doute sous l'influence de l'école des Annales qui ne s'intéressait guère à l'histoire politique, la question de la nation est revenue à l'ordre du jour des préoccupations des historiens français à partir des années 1980. Jusqu'où faut-il remonter dans le temps pour saisir ses origines ? Si la Révolution remplace effectivement le sujet du roi par le citoyen, elle ne part pas de rien en 1789, remarque de simple bon sens qui a amené au XIXe siècle à rechercher plus haut dans le temps les origines de la nation. C'est vers le XIIIe siècle qu'il faut probablement aller pour apercevoir les premiers éléments qui constitueront les bases de la nation future. En effet d'abord à ce moment est constitué un Etat réellement unifié étendu et puissant avec, sous Philippe-Auguste, l'annexion du Domaine royal jusque là à peine plus gros que trois départements, de la Normandie, du Maine, de l'Anjou, de la Touraine, du Poitou et de la Saintonge, puis avec la Croisade des Albigeois la descente vers le Sud et la mainmise sur le Languedoc (1271). En même temps dans les cercles cultivés a commencé à s'élaborer une idéologie politique qui prépare la voie à l'idée de nation en portant l'attention et l'attachement sentimental sur deux entités qui sont plus vastes et plus durables que la personne du roi. Néanmoins il ne faut pas exagérer l'ampleur des innovations du XIIIe siècle et du Bas Moyen-Age, la nation France n'est pas encore née à l'époque, se mettent en place seulement des conditions nécessaires à son élaboration. Processus complexe et daté, combinant les structures économiques et démographiques à l'ère de la montée du capitalisme marchand, avant même le capitalisme industriel ainsi que mémoire et culture, la nation est toujours inachevée et remise en cause, elle n'est pas une réalité éternelle. Le mécanisme d'inclusion-exclusion qui l'anime dès la période de Jeanne d'Arc et la lutte contre l'envahisseur anglais, aboutit à former une communauté de quelques dizaines de millions d'individus reposant sur un certain état des techniques de production et d'échanges qui sont elles-mêmes évolutives.

Mots clés : France, nation, histoire

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Pédagogie, idéologie, et politique linguistique. L'exemple de la méthode Carré appliquée à la francisation de la Bretagne à la fin du XIXe siècle par Laurent Puren

Impulsée sous la Révolution française, la politique linguistique de francisation dont les instituteurs avaient été pressentis comme devant être les principaux agents, ne prendra effet que sous la IIIe République. C'est en Bretagne, à la fin des années 1880, que l'inspecteur général de l'enseignement primaire, Irénée Carré, se verra confier la mission d'expérimenter sa "méthode maternelle" dont les principes étaient déjà connus des enseignants alsaciens qui s'étaient eux-mêmes inspirés des pratiques pédagogiques allemandes. L'usage exclusif du français comme médium d'instruction constituait le fondement sur lequel reposait cette méthode. Mais derrière les motivations pédagogiques avancées par Irénée Carré pour justifier le refus de prendre en considération la langue maternelle des élèves, se cachaient en réalité des visées idéologiques s'appuyant notamment sur une vision stéréotypée globalement négative des Bretons véhiculée par la littérature française tout au long du XIXe siècle. Divers témoignages d'enseignants glanés dans notre corpus constitué de revues pédagogiques nous conduiront à nous interroger sur l'efficacité réelle de la "Méthode Carré" et sur les effets que celle-ci a pu produire sur des générations d'enfants que d'aucuns qualifient de "générations sacrifiées".

Mots clés : Bretagne, IIIe République, enseignement primaire, francisation, idéologie, stéréotypes, méthode directe, méthode maternelle, méthode Carré, langue maternelle

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L'arabe, butin de guerre ? par Dora Carpenter Latiri

Ce travail analyse le débat autour de l'évaluation de l'épreuve facultative d'arabe au baccalauréat en France. Les points de vue défendant l'enseignement d'un arabe dialectal sans référence à l'arabe littéral sont confrontées aux positions défendant l'enseignement d'un arabe littéral intégrant les dialectes. Sont examinés le statut de la langue arabe en France, sa particularité dans le système éducatif français, ainsi que la transformation du paysage linguistique du monde arabe. Deux entretiens avec deux enseignants d'arabe soulignent l'évolution des études d'arabe et du profil des apprenants sur deux générations.

Mots-clés : arabe littéral, arabe dialectal, variation linguistique, langues d'immigration, langues sans territoire, rapport Cerquiglini

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Arabofrancophonie et politiques linguistiques par Gilbert Grandguillaume

Comment peut-on parler aujourd'hui de politiques linguistiques ? Depuis une vingtaine d'années, les conditions en ont été profondément modifiées, tant du côté de l'environnement mondial que de celui des communautés de langues. L'Etat qui en fut le pilier a vu son rôle amoindri. Il est donc utile d'engager une nouvelle réflexion sur des situations dont les termes sont apparemment restés les mêmes, mais recouvrent des réalités différentes et changeantes.
Les lieux où s'élaborent des politiques linguistiques sont ceux où se concrétisent un investissement de langue et un enjeu de pouvoir. Le lieu privilégié en a été autrefois l'Etat, centre d'une construction nationale, assurant sa légitimité par une incarnation de l'identité dans laquelle la langue nationale avait une part prédominante. Les Etats ayant accédé récemment à l'indépendance ont pour la plupart considéré une langue nationale comme symbole de leur identité nationale et moyen de la concrétiser.
Toutefois, en parallèle et parfois en opposition à ces politiques linguistiques nationales, des minorités ont tenu à valoriser leur langue maternelle. Ces mouvements, d'abord discrédités en tant que facteurs de division de l'unité nationale, se sont peu à peu renforcés au fur et à mesure que l'Etat échouait à mettre en œuvre ses objectifs affichés de développement et de démocratie. L'essor de la mondialisation a eu pour conséquence de placer la langue anglaise dans une situation d'hégémonie incontestée.
De ce fait les Etats dont la politique linguistique avait souvent consisté à éliminer une langue étrangère au profit de leur langue nationale se voient dans l'obligation de reconnaître la nécessité d'une langue internationale, en l'occurrence l'anglais et parfois le français. A l'occasion de la Conférence sur la Francophonie (Beyrouth, octobre 2002) a été promue une sorte de sainte alliance entre l'arabe et le français, symbolisée par le terme d'arabofrancophonie. L'idée est certes généreuse, elle témoigne d'une ouverture sensible des esprits, toutefois il est nécessaire de la situer dans son contexte et d'en considérer les implications. Car s'il y a conjonction des intérêts des deux langues à maintenir des zones linguistiques et culturelles échappant à l'anglais, il n'en demeure pas moins que les deux ensembles ont une longue histoire de concurrence, voire d'hostilité.
La politique d'arabofrancophonie demande donc à être approchée sous une forme réaliste quant à ses implications.

Mots clés : Maghreb, arabofrancophonie, politique linguistique, mondialisation

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La réforme linguistique turque par Salih Akin et Mehmet-Ali Akinci

Cet article rend compte de ce que fut la réforme linguistique turque dans les années 1920. L'expression dil devrimi ("révolution linguistique"), qui la désigne depuis, n'a rien d'excessif, puisque l'écart entre la langue turco-ottomane écrite et parlée uniquement par l'élite ottomane et la langue turque du peuple était telle que l'intercommunication entre ces deux entités était totalement absente. Cette réforme linguistique ne peut être pleinement appréhendée que située dans son contexte socio-politique. Celui-ci peut être décrit, d'une part à l'aide des facteurs politiques, sociaux, culturels et religieux, et d'autre part, par des facteurs purement linguistiques. Ces facteurs sont explicités dans une perspective historique. A travers la réforme de l'écriture et les modifications grammaticales et lexicales qui furent les éléments linguistiques clés de cette politique linguistique, l'objectif de son instigateur, Mustafa Kemal Atatürk (le fondateur de la République de Turquie), était d'aboutir à l'öz türkçe (une langue pure turque). C'est pourquoi, elle est à analyser comme le versant linguistique d'une politique de modernisation et de nationalisme fondée à la fois sur une opposition totale aux traces de l'Empire ottoman et une volonté de laïcisation et de rapprochement avec l'Europe.

Mots clés : turc, kurde, aménagement, réforme linguistique, alphabet turc latin, épuration linguistique

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L'Espagne en 2002 : un laboratoire glottopolitique par William Rodriguez

Il s'agit de présenter, à la lueur de l'exemple d'Alicante, métropole de la côté méditerranéenne, le paysage et les dynamiques linguistiques de l'actuel Etat espagnol. La tentative de gestion linguistique de la diversité est mise en évidence, à côté de la gestion de la langue nationale. Ce qui s'apparente aux carences du dispositif est souligné tout autant que le lien entre langues et choix politiques. L'analyse s'appuie sur des données langagières recueillies in vivo.

Mots-clés : immigration, insécurité épilinguistique, mondialisation, normalisation, standards linguistiques

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Bélarus, de la langue à l'Etat par Jean-Pierre Jantheau

Le Bélarus, ancienne République Socialiste Soviétique de Biélorussie, offre une illustration originale des rapports complexes qui peuvent lier langue, nation, Etat.
Le cas de ce pays est particulièrement intéressant, la reconnaissance du biélorusse comme langue étant directement à l'origine de la revendication identitaire, puis territoriale qui a conduit à la formation de l'Etat biélorusse. De plus, la langue, du fait d'une certaine volonté de prise en main de la dimension linguistique par le pouvoir politique de l'URSS puis du Bélarus naissant, a souvent été associée aux grands changements politiques du pays. Ainsi, ces dernières années au moins, deux grands changements de politique linguistique sont concomitants ou presque avec des changements politiques majeurs. Enfin, le Bélarus est l'exemple d'un pays dans lequel on peut observer le cas d'une lutte pour la survie, dans la sphère de l'utilisation la plus courante, non pas de la langue de la minorité ethnique mais de celle de la majorité ethnique, et ce malgré - ou à cause de - un encadrement législatif prenant en compte ces deux langues.
Ces problèmes sont abordés à la fois grâce à une approche historique, fondée sur des documents provenant des archives du Parti communiste biélorusse, au dépouillement et à la compilation des statistiques disponibles et à une enquête menée par nos soins auprès d'environ 4000 familles de Minsk en 1998.

Mots clés : Bélarus, biélorusse, URSS, politique linguistique, assimilation linguo-culturelle

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Aspects institutionnels de l'aménagement linguistique du MERCOSUR par Samantha Chareille

Nouvel espace politique, économique et professionnel, le Marché commun du Sud (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) est également un nouvel espace linguistique et cuturel, lieu de références plurielles. Déterminé par son multilinguisme et son multiculturalisme, le Mercosur n'a de sens que dans le respect des langues et des cultures. L'idée que le sentiment d'appartenance au Marché commun est contenu en germe dans chaque culture nationale n'est qu'une pure fiction. La résurgence des replis identitaires dans les Etats-membres démontre d'ailleurs que l'identité mercosurienne ne peut être ni universelle, ce qui reviendrait à nier les différences, ni particulière, ce qui contribuerait à les exacerber. On le voit bien, le problème est loin d'être simple. L'issue de cette quête identitaire dépendra de la capacité à ménager une place à la diversité culturelle sans perdre le sens d'une citoyenneté mercosurienne qui soit un lieu d'allégeance commune. Nous nous proposons à travers cette recherche d'aborder à partir du cas du Mercosur et du Chili un ensemble de questions relatives à l'articulation entre les politiques linguistiques nationales (ou des absences apparentes de politiques linguistiques nationales) et les développements économiques macro-régionaux, sur fond de régionalisation/mondialisation d'une part, d'affirmations communautaires, identitaires et "locales" d'autre part. De ce point de vue, nous verrons que le Mercosur - tel qu'il est dans les faits mais aussi tel qu'il est représenté - constitue moins un moteur central qu'une délimitation dynamique d'un espace en mouvement où il opère comme révélateur et accélérateur voire instrument de conscientisation pour une réflexion et des initiatives intéressant la politique des langues.

Mots-clefs : Mercosur, langues, cultures, Amérique latine, aménagement linguistique, Etats, nations.

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L'Etat algérien face à la revendication berbère : de la répression aux concessions par Mohand-Akli Haddadou

Depuis la crise du mouvement nationaliste de 1949, la question berbère ne cesse de se poser en Algérie. Défendue comme une dimension essentielle de la personnalité algérienne, la langue berbère est dénoncée comme un facteur de division de la nation algérienne par les courants arabistes. A l'indépendance, les différents régimes qui se sont succédés ont réprimé toute volonté de promotion de la langue berbère mais ils n'ont pas réussi à étouffer le mouvement de revendication qui s'est développé en Kabylie. A partir de 1980, le mouvement, porté dans la rue par la jeunesse, va exiger la reconnaissance de la langue berbère et arracher des acquis. Les événements tragiques du printemps 2001 radicalisent la revendication et aboutissent à la reconnaissance du berbère comme langue nationale.

Mots clés : Maghreb, Algérie, revendication berbère, Kabylie

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Glottopolitique, idéologies linguistiques et Etat-nation au Maghreb par Foued Laroussi

Deux courants idéologico-politiques majeurs, le nationalisme arabe (nassérisme et baasisme) et l'islamisme, ont largement influencé les politiques linguistiques des Etats-nations au Maghreb. Bien qu'ils oeuvrent pour deux objectifs très différents, le premier pour un Etat arabe supranational, le second pour un Etat islamique, les deux courants s'accordent pour valoriser l'arabe littéraire et minorer les variété maternelles, considérées comme anti-nationales car symbolisant la désunion et le séparatisme. Partant, les politiques linguistiques mises en œuvre par les Etats du Maghreb devaient répondre à ces exigences, légitimer et consolider l'arabe littéraire, seule langue capable d'unifier la nation arabe.
Mais sur le plan idéologique, ces politiques linguistiques assimilationnistes se heurtent à des tendances qui leur opposent deux thèses distinctes, celle de l'amazighité et celle de la francophonie. Les deux posent comme prémisse le caractère pluriel de l'identité maghrébine, identité que composent entre autres les éléments amazigh et francophone.

Mots clés : Maghreb, politiques linguistiques, idéologies linguistiques, arabophonie, francophonie, amazighité

 

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Dernière mise à jour :

25 janvier 2010

 

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