Revue de sociolinguistique en ligne | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
N°31 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Sommaire
ISSN : 1769-7425 |
Avant-propos et présentation du numéro - L'accent qu'on a, l'accent qu'on nous donne, l'accent qu'on est par Maria Candea, Gaëlle Planchenault et Cyril TrimailleCe numéro constitue la première publication issue des échanges entre membres du réseau Accents, Discriminations et Idéologies[1 ], que nous avons co-fondé avec quelques autres collègues. Ces échanges ont commencé lors du congrès de Montpellier 2017 du Réseau francophone de Sociolinguistique et se sont poursuivis et élargis, grâce à la revue Glottopol, durant tout le processus d’appel à publications et de relectures croisées des contributions reçues pour ce numéro. Les membres de ce réseau de recherche travaillent selon des approches très variées sur des problématiques liées à la production ou la perception des accents en français en accordant une grande attention aux personnes qui utilisent ces accents in situ, sur des marchés langagiers (au sens de Bourdieu, 1977) où ces ressources linguistiques ont une valeur qui en fait des ressources à échanger. Une volonté commune anime ce réseau : celle de montrer les expériences humaines derrière les discours savants. Treize ans plus tard, en 2014, et alors qu’il était l’invité d’une conférence du parti politique l’UMP, le philosophe Alain Finkielkraut affirmait : À la lumière de ces controverses médiatiques, ce numéro proposait d’approfondir deux interrogations : Ensemble souvent flou et hétérogène de traits phoniques (« loose bundles of prosodic and segmented features distributed over geographic and/or social space », Lippi-Green 1997 : 142), la notion d’« accent » est souvent invoquée dans les discours ordinaires autant, voire plus, pour ce qu’elle symbolise que pour sa réalité phonétique. Quel que soit l’acteur social qui en est à l’origine, catégoriser une pratique comme « un accent », en méconnaissant les potentielles variations stylistiques, permet de la rendre visible et de la minorer en l’associant à un stigmate social et, corolairement, de rendre invisibles d’autres pratiques considérées comme non marquées qui jouiront d’un statut valorisé par défaut (« sans accent »). Ainsi, pour Gasquet-Cyrus (2012 : 241) « Avoir un accent régional, dans un pays marqué par une idéologie centralisatrice et monolingue, c’est être enfermé (par ceux qui dénient avoir un accent) dans une altérité sinon dégradante, du moins folklorique, risible et peu sérieuse ». En français, les locuteurs et locutrices légitimes (au sens de Bourdieu) sont réputé·es ne pas avoir d’accent, et pour caractériser la variabilité de leurs prononciations, on parle plus volontiers de style. En effet, à l’opposé du processus sémiotique qui rend l’accent saillant et conduit à le minorer, catégoriser une pratique comme un style permet de la rendre visible et de la valoriser, de l’associer à une forme d’agentivité distinctive, à un mérite ou à une originalité. Or, que l’on parle d’accents (étrangers ou régionaux) ou de styles de parole, on parle en premier lieu de processus de catégorisation des êtres humains eux-mêmes. L’utilisation de la catégorie accent revient à focaliser l’attention sur les déterminismes que subissent les individus concernés, à escamoter leur agentivité, leur capacité d’affiliation et leur aptitude à la variation stylistique ; l’utilisation de la catégorie style revient à focaliser, au contraire, l’attention sur lamarge de manœuvre et la recherche d’individuation et à ignorer tous les déterminismes subis par ailleurs. L’étude de la prononciation devrait dès lors prendre en compte la complexité des processus de catégorisation des êtres humains et intégrer une approche dialectique de l’agentivité et des déterminismes. Nombre de locuteurs partagent une connivence tacite sur le fait de savoir qui a un accent et qui n’en a pas, comme s’il s’agissait d’un phénomène directement observable et mesurable sur une échelle objective. Pour Boyer (2015 : 12), « si l’“accent” relève bien de la variation sociolinguistique, il relève surtout d’une évaluation de cette variation faite par les usagers de la langue, singulièrement par ceux qui pensent ne pas avoir d’“accent” ». Rarement ces usagers ont-ils conscience de ce mythe qu’est « l’absence » d’accent (Lippi-Green 1997 – voir la traduction française d’un chapitre de cet ouvrage dans ce numéro) ou de percevoir cette variation au travers des cadres idéologiques et culturels dans lesquels ils/elles sont socialisé·es. Bien qu’il fonctionne comme un acte de localisation (Auer, 2013 : 10) et qu’il soit donc souvent associé de façon exclusive à une dimension spatiale, un accent régional est aussi un phénomène éminemment social. Si c’était un phénomène strictement territorial, sans doute n’y aurait-il pas de territoires « sans accent », et l’origine géographique de quiconque pourrait être aisément inférée sur la base de sa prononciation. En outre, la stratification sociale étant le plus souvent territorialisée, notamment en Europe, on constate une forte tendance à effacer (au sens d’Irvine et Gal, 2000) la dimension sociale des habitudes de prononciation présentées comme régionales (en Belgique, en France, en Suisse) ou locales/spatialisées. Par exemple, le syntagme « accent de banlieue » repose sur un double processus d’iconisation[2 ] et d’euphémisation qui permet de désigner des locuteurs sans faire référence à leur origine sociale et sans avoir recours à une racialisation explicite. Ces processus d’effacement permettent de ne jamais parler d’accent social et de ne jamais parler d’accent de pouvoir, ce qui méritait d’être questionné. Malgré le fait que l’« accent » soit utilisé comme catégorie de sens commun, censée s’imposer à l’observation comme une évidence, sa consistance empirique peut être remise en question (Gasquet-Cyrus, 2010 ; Candea, 2017). Dans la mesure où il représente en fait le résultat d’une construction idéologique, culturelle et sociale qui opère dans différentes sphères (sociales, institutionnelles, médiatiques, etc.), l’accent est une catégorie qui peut être négociée, voire réappropriée, par les personnes concernées (Planchenault, 2012 ; 2015).
- d’appartenance et d’affiliation, d’allégeance et de loyauté (à une communauté géographique ou à un groupe social) ; Grâce notamment aux données rassemblées les quinze dernières années par les enquêtes du projet PFC (Phonologie du français contemporain), nous disposons à présent d’un grand nombre d’observations empiriques sur la variation phonétique en français dans différentes régions francophones (Durand, Laks, Lyche, 2009 ; Simon, 2012). Mais les descriptions phonétiques des variantes de prononciation ne permettent de comprendre, à elles seules, ni les préjugés qui y sont liés, ni les risques d’évaluations péjoratives ou discriminatoires associées à l’identification d’un « accent » en français, ni le rôle des habitus langagiers dans le maintien versus la contestation des hiérarchies et des normes. Présentation des contributions Les travaux sur les accents se positionnent généralement vis-à-vis de deux objets de recherche : la production des accents, d’une part, et leur perception d’autre part. Les sept articles inédits rassemblés dans ce numéro ainsi que le texte de Rosina Lippi-Green traduit de l’anglais sont ainsi consacrés soit aux processus et contextes de production, soit à la réception des accents. Certains se positionnent à l’interface entre les deux approches, en reconnaissant les processus d’adaptation du discours selon le contexte et l’interlocuteur (ce que Bell a défini sous le concept d’audience design, 1984). Perceptions/catégorisations des accents Le numéro présente d’abord trois articles qui s’intéressent à la perception, aux catégorisations et aux évaluations de différentes constellations de traits phonétiques considérés comme accents régionaux. Leurs méthodes impliquent des tests perceptifs, l’étude des discours épilinguistiques ou d’autres techniques de la dialectologie perceptuelle. Dans sa contribution, Alexei Prikhodkine s’appuie sur une étude empirique menée en Suisse Romande pour développer une approche critique de deux positions qu’il nomme « extrêmes » en matière d’analyse des significations sociales de la variation, et particulièrement des accents régionaux. En premier lieu, l’auteur interroge ce qu’il appelle, à la suite de Britain, le « sédentarisme nativiste », tendance qui consiste à essentialiser et à figer, entre autres éléments, les dimensions spatiales des biographies langagières, contribuant à alimenter l’idéologie de l’authenticité et à biaiser les recherches sur les accents par l’exclusion d’une partie importante des locuteurs et locutrices. Ensuite, en quelque sorte à l’autre extrémité du spectre épistémologique, Prikhodkine invite également à ne pas céder au travers inverse, attesté dans les études qui placent la mobilité et l’agentivité des sujets au cœur d’une conception dès lors « idéalisée », allant parfois jusqu’à nier les contraintes qui pèsent sur les acteurs sociaux. Elissa Pustka, Jean-David Bellonie, Marc Chalier et Luise Jansen examinent et comparent les représentations et les attitudes que des auditeurs·trices du Sud de la France, des Antilles et du Québec ont par rapport à leurs propres accents régionaux et aux accents d’autres régions souvent perçus encore comme « périphériques », parmi lesquels les accents guadeloupéen, haïtien, marseillais, montréalais, etc. Pour ce faire, les auteur·es mettent en place une étude quantitative par questionnaire dans laquelle on demande aux participant·es d’associer des adjectifs comme correct (correct) et sympathique (pleasant) aux différents accents évalués sur des dimensions classiquement utilisées pour renvoyer à deux types de prestige sociolinguistique : le prestige manifeste (overt prestige) et le prestige latent (covert prestige). Outre la confirmation du fait que les variétés périphériques bénéficient d’un prestige latent pour les locuteurs·trices qui les utilisent, l’étude montre une tendance à l’évolution dans le sens d’un accroissement du prestige manifeste qui leur est accordé. Enfin, Mathieu Avanzi et Philippe Boula de Mareüil cherchent de leur côté à évaluer l’aptitude d’auditeurs à reconnaitre, sur la base d’extraits de parole présentant des traits accentuels prototypiques, l’origine géographique de locuteurs originaires de huit régions francophones d’Europe (Belgique et Suisse ainsi que six régions françaises). Pour ce faire, les auteurs s’appuient sur une démarche de crowdsourcing en ligne qui leur a permis d’obtenir des réponses d’environ 1500 sujets. Ces réponses conduisent à catégoriser globalement, perceptuellement, les accents du français européen en trois grands groupes : Nord-Est (Alsace, Belgique et Suisse), Nord-Ouest (Bretagne et Nord) et Grand Sud (Sud-Est, Sud-Ouest et Corse). Leurs questions portent également sur la capacité à distinguer l’accent de sa propre région des accents d’autres régions ; ils établissent que les personnes sollicitées parviennent à reconnaitre l’accent de leur région à plus de 50 %. Accents et médias Les trois articles suivants de ce numéro ont pour objet d’étude des interprétations d’accents produites dans les médias (en particulier à la télévision et au cinéma). Enfin, l’article de Médéric Gasquet-Cyrus et Gaëlle Planchenault traite de la mise en scène de l’accent marseillais à la télévision et analyse les raisons possibles des controverses qui ont pris place lors de la diffusion de la série télévisée Marseille, produite par Netflix en 2016. Ils se demandent entre autres si les discours critiques des journalistes et du public qui ont pris pour cible l’interprétation de Benoît Magimel se basent sur la qualité du jeu de l’acteur ou bien plutôt sur sa légitimité à s’approprier un accent qui n’est pas le sien. Accents étrangers et mythe de l’accent natif Les deux derniers articles, rédigés à vingt ans d’intervalle et portant sur deux langues différentes, le français et l’anglais, traitent du mythe de l’accent natif. Ils en analysent les bases empiriques et les effets en interaction. Enfin, ce numéro spécial se clôt avec la première traduction française de « The myth of non-accent », chapitre extrait du livre fondateur et pionnier de Rosina Lippi-Green, English with an Accent : Language, Ideology and Discrimination in the United States (1997). Écrit à une époque où on commence à s’interroger sur les idéologies associées aux catégorisations linguistiques (populaires ainsi que scientifiques), peu remises en cause jusqu’alors, ce texte frappe par la simplicité de son propos et l’audace de son argument, proposant de questionner les préjugés qui identifient les accents (vis-à-vis du mythique « non-accent »), ainsi que ceux qui hiérarchisent les accents acceptables et les accents qu’il serait légitime de discriminer. Les premières pierres du chantier des approches critiques des accents sont posées. Mais ce travail est loin d’être achevé et nous espérons que ce numéro saura en inspirer d’autres. Les définitions des « accents » et des « styles » ne cesseront de continuer à se négocier collectivement, et les (socio)linguistes ont vocation à contribuer pleinement aux débats linguistiques et citoyens. Bibliographie Auer Peter, 2013, « The Geography of Language : Steps toward a New Approach », FRAGL: Freiburger Arbeitspapiere zur Germanistischen Linguistik, n°16, http://portal.uni-freiburg.de/sdd/fragl/2013.16. Notes [ 2] Pour Irvine (2001 : 33, cité et traduit par Trimaille, 2007 : 202), « les différences linguistiques fonctionnent comme des représentations iconiques de contrastes sociaux qu’elles indexent — comme si, d’une certaine manière, un trait linguistique décrivait ou exhibait l’essence d’un groupe social ». Cette conception de l’iconisation pourrait être reformulée en termes de naturalisation ou d’essentialisation d’un lien sémiotique, comme l’opposition qui existe par exemple entre, d’une part, voix graves et masculinité/virilité et, d’autre part, voix aigüe et féminité ou absence de virilité.
Téléchargement des articlesAide et conseils pour le téléchargement
Résumés
Dans cet article, je pars du constat que le domaine d’études sur les « accents régionaux » en français est plutôt resté en marge du tournant post-structuraliste des sciences sociales à la fin du 20e siècle, en ce sens que nombre de travaux relevant de ce domaine continuent de présenter leurs locuteurs sous forme d’un faisceau stable de catégories sociales et de naturaliser « le fait régional » à travers son inscription dans la catégorie de locuteurs natifs. Or, plusieurs études indiquent que non seulement les locuteurs non-natifs font usage de la variation géographique, mais qu’ils recourent aussi, à des fins stratégiques, à des variétés non standard locales. Me basant sur certains résultats d’une récente recherche menée en Suisse romande, je soutiens ensuite que si les notions de style et de bricolage contribuent à dépasser l’essentialisation des pratiques langagières, elles doivent cependant être considérées de manière critique quant à l’agentivité qu’elles attribuent aux individus. Mots-clés : accents régionaux, déterminisme social, locuteur natif, style, agentivité, légitimité
L’article remet en question l’idée d’un monocentrisme français, allant de pair avec la considération de l’accent parisien comme seule référence prestigieuse et une insécurité linguistique dans les diverses « périphéries ». Il se base sur 291 questionnaires remplis dans le Sud de la France, aux Antilles et au Québec. Les résultats montrent que les accents de ces trois régions très différentes possèdent non seulement un prestige latent (accents considérés comme aimables), mais aussi un prestige manifeste (accents considérés comme corrects). Marseille, dont l’accent particulièrement médiatisé est considéré comme l’accent par excellence, y fait néanmoins exception. Malgré les discriminations et stigmatisations incontestables, le français est donc – comme toutes les autres langues mondiales – une langue pluricentrique et pluriaréale. Elle ne fait pas exception au principe affirmant que « c’est toujours l’autre qui a un accent ». Mots clés : Français, accents, représentations, attitudes, prestige
Dans cet article, nous présentons les résultats d’une enquête visant à évaluer l’aptitude d’auditeurs à reconnaitre l’origine géographique de locuteurs originaires de huit régions francophones d’Europe : outre la Belgique et la Suisse, six régions françaises — le Nord, la Bretagne, l’Alsace, le Sud-Ouest, le Sud-Est et la Corse. L’enquête, à laquelle plus de 1500 sujets ont pris part, a été menée en ligne. L’analyse des résultats nous permet d’apporter des éléments de réponse à la question posée dans le titre — « peut-on identifier perceptivement huit accents régionaux en français ? ». Nos résultats montrent que, globalement, ce sont plutôt trois grands groupes qui se distinguent : Nord-Est (Alsace, Belgique et Suisse), Nord-Ouest (Bretagne et Nord) et Grand Sud (Sud-Est, Sud-Ouest et Corse). La question corollaire, à savoir « QUI peut identifier QUEL(S) accent(s) ? », est également discutée à la lumière des résultats obtenus. Mots clés : Accents, français, sciences participatives, identification géographique, perception
Le doublage québécois de films étrangers constitue un phénomène particulier qui retient depuis quelques décennies l’attention des chercheurs en traductologie. Ces derniers ont montré que la langue parlée qu’on y entend est fort éloignée du français québécois courant. Dans cet article, les auteurs s’intéressent à une dimension de cette langue parlée : ce que plusieurs appellent l’accent. L’objectif est de vérifier si des éléments phoniques et prosodiques, qui auraient été susceptibles d’inscrire le doublage dans la réalité québécoise, sont entendus. Les résultats mettent en évidence la quasi-absence de traits phoniques et prosodiques typiquement québécois, y compris de ceux qui sont pourtant couramment entendus dans la langue de l’information ; que la prononciation et la prosodie des doubleurs québécois se confond ainsi, en grande partie, avec celle des doubleurs français. Mots clés : français québécois, variation linguistique, usages, variables (socio)phonétiques, prosodie, doublage
Nous proposons dans cet article une approche de la « ch’timania » cinématographique sous l’angle de l’aménagement linguistique. Le Nord de la France se caractérise par une situation de diglossie entre le français et la langue régionale (le picard), compliquée par une diglossie enchâssée où intervient, sur une partie du domaine, un « accent ch’ti » particulièrement stigmatisé. Inscrivant ses films dans ce paysage linguistique, Dany Boon fait de la langue le moteur de ses films, en mettant en scène des éléments qui pourraient ressortir à une politique linguistique, comme l’apprentissage de la langue ou la traduction. Mais le statut de son objet est ambigu : langue ou accent ? À la lumière des expériences picardes en matière d’aménagement linguistique « par en bas », nous suggérons que seule la réinscription du « ch’ti » dans l’ensemble de la langue picarde pourrait s’avérer efficace en termes de retournement du stigmate. Mots-clés : picard, ch’ti, diglossie, diglossie enchâssée, stigmatisation, politique linguistique
Mis en scène et joué par des acteurs, l’accent marseillais a fait l’objet de nombreuses représentations. Liées aux idéologies langagières en circulation, celles-ci suscitent des tensions se cristallisant autour de notions de légitimité et d’authenticité. Plus récemment, dans la série Marseille (Netflix 2016), l’interprétation de Benoît Magimel a été l’objet de critiques en raison de son accent perçu comme forcé et faux. À travers l’étude de ces performances aussi bien que des critiques publiées sur la série, cet article propose de mettre au jour l’essentialisme des discours selon lesquels la variation est perçue comme une déviation : l’acteur qui « prend » un accent se rendant coupable d’appropriation culturelle, alors que l’individu qui en varie est au mieux inconstant, au pire opportuniste. Ainsi, la performance de Benoît Magimel n’est pas évaluée comme l’exercice de stylisation (Coupland, 2004) visé mais comme un échec d’interprétation. Ce qui est alors évalué n’est pas tant une compétence langagière que la loyauté d’un locuteur envers une communauté de référence, et donc sa légitimité à parler avec un accent. Mots clés : Accent, idéologies langagières, médias, séries télévisées, Marseille
L’article présente des résultats issus d’une enquête menée entre 2014 et 2016 sur le terrain de l’enseignement du FLI (« français langue d’intégration », volet obligatoire du Contrat d’Intégration Républicaine) en région Bretagne auprès de stagiaires adultes plurilingues venant de différents pays. Je montre, en prenant appui sur de nombreuses observations et entretiens, à quel point la notion d’accent (étranger, ou « bon accent » à acquérir), est peu ou n’est pas questionnée en formation du point de vue pédagogique tout comme du point de vue idéologique.
Mots-clés : accent, représentation, Français langue d’intégration, norme, parcours plurilingue
| | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Dernière
mise à jour : |
GLOTTOPOL GLOTTOPOL GLOTTOPOL | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||