Revue de sociolinguistique en ligne | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
N°32 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Sommaire
ISSN : 1769-7425 |
Glottopolitique - glotopolitica : circulation, appropriation et expansion d'une lecture sociale du langage par Elvira Arnoux, José del Valle, Alexandre Duchêne. En 2000, Elvira Arnoux, professeure d’analyse du discours à l’Université de Buenos Aires publiait un article fondateur intitulé « La Glotopolítica : transformaciones de un campo disciplinario ». Dans cet article, l’auteure pose les bases de la Glotopolítica, s’appuyant pour cela sur l’article tout aussi fondateur de Guespin et Marcellesi, publié dans Langages en 1986. Arnoux souligne d’emblée l’importance de leurs travaux, revendiquant une filiation qui dépasse l’usage usuel du terme glottopolitique pour endosser le programme proposé par ces deux auteurs. Cependant, Arnoux propose déjà une extension de leur approche en invitant à repenser radicalement les sciences du langage, en mettant au cœur de cette entreprise une focale sur l’histoire des idées linguistiques comme foncièrement ancrée dans une analyse des conditions politiques et des effets de domination que ces idées produisent, en questionnant les conditions matérielles de production des discours sur la langue, de même qu’en considérant que l’étude du langage s’accompagne d’un engagement politique assumé. Cet article, de même que les activités de recherche du groupe de Buenos Aires, ont rapidement trouvé un écho dans d’autres parties de l’Amérique latine, intéressées à étudier les interventions linguistique liées à la formation des États-nations après l’indépendance, à analyser le rôle des langues — espagnol, portugais et langues amérindiennes — dans les processus d’intégration sud-américains, et au sein de la lusophonie et du panhispanisme, tout en questionnant la place attribuée à l’anglais comme langue de la science. Au-delà de l’Amérique latine, un rapprochement s’est alors produit avec le professeur Jose del Valle de la City University of New York, sociolinguiste travaillant avec son équipe sur l’histoire politique et sociale de la langue espagnole.
Ces rapprochements intellectuels ont alors donné lieu à des Congreso Latinoamericano de Glotopolítica au Chili, en Colombie et plus récemment en Allemagne et au Brésil, de même qu’à la création récente d’un Anuario de Glotopolítica[1] . Au Brésil, en relation avec le Mercosur, le groupe glottopolitique aborde le problème de l’enseignement de l’espagnol dans ce pays, en analysant divers discours journalistiques, politiques et académiques, législatifs et didactiques. Les idéologies linguistiques autour de la diffusion du portugais dans le monde et les interventions glottopolitiques de la Communauté des pays de langue portugaise font également partie des orientations thématiques du groupe. Malgré cette dimension protéiforme, le groupe latino-américain de Glotopolítica s’unit autour de l’idée de la langue comme celle d’une pratique sociale et autour de la reconnaissance du terme Glotopolítica en tant que position intellectuelle, à savoir en tant qu’affirmation de l’existence d’expériences sociales où l’interaction langagière et la construction de subjectivités politiques sont indissociables. Ces chercheur·e·s sont également uni·e·s par un engagement dans l’étude des mécanismes par lesquels la communication participe à la production et la reproduction des inégalités, et à l’émergence de subjectivités réactives ou dissidentes. Un autre pilier du projet académico-intellectuel glotopolitique consiste à interroger la prédominance de la linguistique formelle, de la linguistique des systèmes et des arrangements institutionnels qui les reproduisent dans le domaine universitaire. Il s’interroge ainsi sur la manière dont les théories linguistiques amplifient certaines voix et en réduisent d’autres au silence, favorisant la constitution de certains types d’objets et rendant impossible l’identification d’autres. Il s’attache dés lors à affirmer l’inséparabilité du langage de ses conditions politiques et économiques de fonctionnement. Ce numéro thématique cherche donc à rendre compte de ces travaux, qui renvoient en partie à une certaine histoire des idées sociolinguistiques francophones, mais qui cherchent également à proposer des pistes nouvelles dans notre compréhension des liens entre langage, politique et société. Il s’agit de s’engager dans une réflexion générale sur ce que ces travaux nous permettent de comprendre de nos réalités glottopolitiques et sur l’apport de ces approches pour l’avancée de notre champ. En ce sens, cette entreprise s’inscrit dans un déplacement de la circulation du savoir, héritée de notre histoire coloniale allant généralement du nord vers le sud, pour envisager une circulation complémentaire du sud vers le nord. Les textes originaux proposés dans le numéro offrent, quant à eux, un panel certes non exhaustif mais tout de même emblématique des travaux conduits en Glotopolítica. Ils ont été rédigés par des auteur·e·s situé·e·s institutionnellement en Argentine, au Brésil, en Uruguay et aux États-Unis, et portent sur des situations glottopolitiques d’Amérique latine (Argentine, Brésil, Colombie, Uruguay). L’analyse glotopolíticaine n’est cependant pas que rétrospective, dans le sens où elle ne donnerait lieu qu’à une description de l’histoire des idées linguistiques à un moment donné. Elle s’attache à mener une réflexion critique sur la place qu’occupe le langage hier et aujourd’hui, tout en nous invitant, en tant que producteurs·trices de savoir, à garder une vigilance de tous les instants sur la prise en compte de nos normativités, qui sont à l’œuvre dans tout processus à la fois analytique et régulatif. Ceci permet également de resituer les mécanismes et procédures glottopolitiques en lien avec l’histoire et du colonialisme et du capitalisme, l’un et l’autre de ces phénomènes s’avérant toujours et encore opérer dans nos sociétés contemporaines. Premièrement, ce numéro n’aurait lui-même pas vu le jour sans un certain processus de circulation et de rencontres. Les trois éditeurs·trices ont pu s’engager dans l’élaboration de ce manuscrit parce qu’elle·ils ont eu le privilège de se rencontrer et qu’elle·ils ont bénéficié des conditions matérielles pour circuler sur divers continents (Europe, Amérique latine, Amérique du Nord). Ces rencontres ont permis des discussions, des débats, des questionnements et des remises en cause. Le numéro, en ce sens, montre à la fois l’importance de la circulation des idées au-delà des frontières nationales, linguistiques et parfois même disciplinaires, pour « penser ». Il révèle aussi combien ces rencontres sont tributaires de conditions inégales de circulation, d’accès (en termes également linguistiques) et de participation. Mais ce sont ces conditions inégales qui nous ont motivé·e·s à proposer ce numéro et nous engager dans cette tentative de créer la condition de possibilité d’un dialogue transatlantique, à un moment où les récents accords du Mercosur et de l’Union européenne nous obligent à réfléchir à des politiques linguistiques qui, au-delà du plurilinguisme déclaré et exigé par le développement des entreprises néolibérales, permettraient la participation des pays et des communautés périphériques. Deuxièmement, le projet en lui-même n’est pas exempt d’écueils intellectuels et politiques. L’idée de trouver un espace pour rendre visibles les travaux de Glotopolítica dans le monde francophone pourrait prendre la forme d’un numéro de cirque auquel les « lisants » francophones prendraient part en tant que consommateurs·trices de l’exotisme, comme s’ils·elles allaient à une exposition ou au théâtre. Ou encore, ce numéro pourrait être vu comme un espace purement célébrationnel, voire promotionnel de la « richesse » de l’espace hispano-lusophone en matière de glottopolitique et nous situer ainsi dans une logique « étendard », revendicatrice et essentialiste du savoir glotopolíticain. Ou finalement, ce numéro pourrait être perçu par les lecteurs·trices et contributeurs·trices comme une simple illustration de situations sociolinguistiques caractéristiques de l’Amérique latine, une sorte de leçon de choses, destinée à informer et s’informer sur ce continent, alors même que nous cherchons à privilégier des lectures situées sur le langage en société et donc potentiellement pertinentes pour tout·e chercheur·e intéressé·e aux processus décrits dans ces articles. Si nous avons tenté de les éviter le mieux que nous pouvions, par le choix de thématiques et des textes, et par les réflexions sur la circulation du savoir que la plupart des textes proposent, ces écueils ne peuvent pas être complètement évacués et probablement existent-ils bel et bien. Il nous semblait cependant que ne rien risquer était encore plus risqué. Troisièmement, un tel numéro présuppose également que nous ayons des auteurs et des auteures intéressé·e·s à et volontaires pour participer à cette aventure. Il n’est pas évident pour des collègues habitué·e·s à s’exprimer dans des sphères intellectuelles et politiques spécifiques de s’aventurer à produire des textes pour un lectorat qu’ils·elles ne connaissent pas nécessairement ni ne peuvent pleinement anticiper en termes interprétatifs et de réception. Leur engagement dans ce numéro thématique constitue par conséquent une tentative encore incertaine de participer à ce dialogue que nous souhaitons initier. Finalement, un tel numéro n’aurait pas été possible sans un support de publication. Il fallait une revue qui consente à s’engager dans une démarche inhabituelle, impliquant la publication de textes originaux en espagnol, la publication de textes déjà parus, de même que la publication de traductions. Il était fondamental pour nous que les deux versions (en français ET en espagnol) puissent être publiées de manière concomitante. Non pas dans un souci de pureté éditoriale, fondée sur l’idée que la version originale ferait foi, mais parce que l’idée que nous avions de susciter un dialogue présupposait que les textes soient accessibles dans les deux langues. D’une part, pour que les collègues francophones sans ou avec peu de connaissances en espagnol ou en portugais puissent prendre connaissance de ces travaux. D’autre part, pour que ceux et celles qui sont hispano-lusphones puissent les lire dans la langue de l’auteur e. Il était aussi important d’avoir les textes en langue originale, ceci afin de permettre aux auteur·e·s et lecteur·trice·s hispano-lusophones d’utiliser ces écrits dans leurs sphères d’influence linguistique. La revue Glottopol — qui s’imposait à nous pour des raisons évidentes — a pris ce risque et nous lui en sommes grandement reconnaissants. Cependant, cela présupposait un surplus de travail pour la revue : l’identification de relecteurs·trices francophones capables de lire en espagnol et en portugais et suffisamment compétent·e·s pour fournir une évaluation circonstanciée des textes soumis (nous souhaitions en effet que chaque article soit relu par au moins un·e lecteur·trice issu-e des sphères francophones), d’accepter des évaluations en langues espagnole ou portugaise, de mettre en page le double d’articles prévus initialement pour un numéro thématique, impliquant également un double travail éditorial (révision des bibliographies et des citations, mise en forme, etc.). Sans la prise de risque de la revue, sans le travail exceptionnel et remarquable de sa rédactrice en chef, Clara Mortamet, ce numéro n’aurait pas pu voir le jour. Notes [1] La revue est accessible en ligne en accès ouvert : glotopolitica.com. Le site donne également accès à d’autres ressources produites avec le groupe latino-américain de Glotopolítica.
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Résumés
Dans ce travail, j’exposerai en suivant un parcours historique, les étapes qui à mon avis sont celles qui constituent la formation de la Glottopolitique. Je signalerai les approches qui ont dominé chaque étape et conduit à privilégier certains thèmes ainsi qu’à mettre l’accent sur certaines situations et qui ont impliqué l’élaboration et la réélaboration de concepts théoriques qui sont centraux dans cette discipline. Je procéderai tout d’abord à une introduction assez détaillée dans laquelle j’indiquerai le sens à partir duquel doivent être compris les noyaux des syntagmes qui composent le titre, j’exposerai ensuite les étapes proprement dites, en mettant en avant quelques aspects thématiques et méthodologiques de la recherche actuelle.
En la última década, en dos ciudades situadas del lado uruguayo de la frontera Uruguay-Brasil han surgido iniciativas que resultan de interés para el análisis glotopolítico. Por un lado, en la frontera norte (en particular, en la ciudad de Rivera) se promueve la declaración de la variedad dialectal de portugués local como patrimonio cultural inmaterial de Uruguay. Por otro lado, en la frontera sur (en particular, en la ciudad de Chuy) se ofrecen cursos extracurriculares de portugués a estudiantes de enseñanza media para consolidar el bilingüismo español-portugués en la zona. Las iniciativas, que surgen desde las respectivas comunidades, muestran diferentes perspectivas sobre los procesos de mercantilización lingüística, sobre la construcción de autenticidad y las estrategias de reivindicación de una región periférica en el contexto actual de globalización. Palabras clave : frontera uruguayo-brasileña, autenticidad, mercantilización lingüística, globalización Résumé en français (traduction : Iván Jiménez) : au cours de la dernière décennie, dans deux villes situées du côté uruguayen de la frontière entre l'Uruguay et le Brésil, quelques initiatives se sont fait jour qui ont un intérêt pour l'analyse glottopolitique. D'une part, dans la frontière nord (dans la ville de Rivera, en particulier) est encouragée la promotion de la variété dialectale du portugais local au titre de patrimoine culturel immatériel de l'Uruguay. D'autre part, dans la frontière sud (dans la ville de Chuy, en particulier) des cours facultatifs de portugais sont proposés aux élèves de l'enseignement secondaire, dans le but de consolider le bilinguisme espagnol-portugais dans la zone. Ces initiatives, qui ont émané de leurs communautés respectives, montrent différents points de vue à l'égard des processus de marchandisation linguistique, de la construction d'authenticité et des stratégies de revendication d'une région périphérique dans le contexte actuel de mondialisation. Mots clés : frontière uruguayo-brésilienne, authenticité, marchandisation linguistique, mondialisation
En el artículo me detengo en el análisis de las implicancias glotopolíticas de dos documentos relacionados con la conformación de los estudios sobre el lenguaje en la Argentina. Por un lado, me concentro en un proyecto inédito para conformar una red de instituciones académicas para el estudio de la lengua quechua que el intelectual argentino Ricardo Rojas, por entonces director del Instituto de Literatura Argentina de la Universidad de Buenos Aires y desde 1913 primer profesor titular de esa materia- presenta en el Congreso de Americanistas celebrado en Lima en 1939. Por el otro, retomo un texto -también inédito- conservado en el fondo documental del antropólogo y lingüista alemán Roberto Lehmann-Nitsche, que trabajó en la Argentina entre 1897 y 1930. Se trata en este caso de un proyecto fechable en 1918 que plantea la creación de un Centro de Estudios Lingüísticos en el seno de la Facultad de Filosofía y Letras de la Universidad de Buenos Aires, del que Lehmann-Nitsche -como el propio Rojas- era por entonces docente. Interrogo ambos documentos, que considero como discursos instituyentes fallidos, como gestos glotopolíticos, planteo las suturas que ambos despliegan con otros discursos de la época y rastreo en ellos las huellas de las disputas en torno a las características y los rumbos que deberían asumir los estudios filológicos y lingüísticos en la Argentina. Para ello, los sitúo en un proceso glotopolítico más amplio, en el que enfatizo dos cuestiones. Una de ellas es la conformación de un modelo hispanista que se encarnará en el Instituto de Filología de la Universidad de Buenos Aires. La segunda es la apertura hacia la consideración de las lenguas americanas impulsada en los documentos inaugurales de Rojas asociados con la fundación de esa institución y en la inclusión del estudio del quechua impulsada por Ippolito Galante en el Instituto de Filología de la Universidad de Lima. Palabras clave : Glotopolítica histórica, americanismo, hispanismo, lenguas autóctonas Résumé en français (traduction : Clara Mortamet) : Dans cet article je vais m’arrêter sur l’analyse des implications glottopolitiques de deux documents en lien avec l’émergence des travaux sur le langage en Argentine. D’un côté, je me concentre sur un projet inédit de création d’un réseau d’institutions académiques consacrées à l’étude de la langue quechua que Ricardo Rojas, alors directeur de l’Institut de Littérature argentine de l’université de Buenos Aires et à partir de 1913 premier professeur titulaire de cette discipline, a présenté au Congrès des Américanistes tenu à Lima en 1939. D’un autre côté, je reprends un texte – lui aussi inédit– conservé dans les archives de l’anthropologue et linguiste allemand Roberto Lehmann-Nitsche, qui travailla en Argentine de 1897 à 1930. Il s’agit dans ce deuxième cas d’un projet datant de 1918 qui préconise la création d’un Centre d’études linguistiques au sein de la faculté de Philosophie et de Lettres de l’université de Buenos Aires, dans laquelle Lehmann-Nitsche – comme Rojas – était alors enseignant. J’interroge les deux documents, que je considère comme des discours d’institutionnalisation manquée, comme des gestes glottopolitiques ; j’y dégage les liens que chacun noue avec d’autres discours de l’époque, et j’y relève les traces des divergences quant aux caractéristiques et aux objectifs que devraient suivre les études philologiques et linguistiques en Argentine. Pour cela, je les inscris dans un processus glottopolitique plus large, dans lequel je mets l’accent sur deux points. Le premier est la mise en place d’un modèle hispanique qui s’incarnerait dans l’Institut de philologie de l’université de Buenos Aires. Le second est l’ouverture à la prise en compte des langues américaines, impulsée par les documents inauguraux de Rojas relatifs à la fondation de cette institution, et par l’inclusion de l’étude du quechua sous la pression d’Ippolito Galante à l’Institut de philologie de l’université de Lima. Mots clés : glottopolitique historique, américanisme, hispanisme, langues autochtones
Este artículo explora la autoridad lingüística del sacerdote jesuita Félix Restrepo, S.J. durante el siglo XX en Colombia. El ensayo avanza a través del recorrido académico de Félix Restrepo y sitúa sus posturas políticas, sus ideas sobre la lengua española, la educación y la economía nacionales en el contexto geopolítico que las enmarca. El texto pone en relieve la agenda por la defensa de la unidad de la lengua propuesta por Restrepo y las ideologías lingüísticas en ella contenidas. Resalta el interés de Restrepo por devolver a la Iglesia su potestad sobre la educación nacional y sus estrategias de moralización del lenguaje con miras a conseguirlo. Finalmente, el trabajo vincula las propuestas lingüísticas del sacerdote a la promoción de un programa económico más amplio, el del corporativismo, y señala el deseo de Restrepo por mantener concentrado el poder político entre estamentos sociales particulares, herederos de los privilegios coloniales de las elites criollas. Palabras clave : glotopolítica, Colombia, Félix Restrepo, Academia Colombiana de la Lengua Résumé en français (traduction : Céline Alcade) : Cette contribution s’intéresse à l'autorité du prêtre jésuite Félix Restrepo, S.J. en matière de planification linguistique durant le XXe siècle en Colombie. L'article progresse à travers le parcours académique de Félix Restrepo et situe ses positions politiques, ses idées sur la langue espagnole, l'éducation et l'économie nationales dans le contexte géopolitique qui en constitue le cadre. Le texte met en évidence l'agenda proposé par Restrepo pour la défense de l'unité de la langue et les idéologies linguistiques qu'il contient. Il souligne ainsi l'intérêt de Restrepo pour restituer à l'Eglise son pouvoir en matière d'éducation nationale et ses stratégies de moralisation des pratiques langagières en vue d'y parvenir. Enfin, ce travail met en relation les propositions linguistiques du prêtre à la promotion d'un programme économique plus large, celui du corporatisme, et met en lumière la volonté de Restrepo de maintenir le pouvoir politique concentré dans certaines couches sociales, héritières des privilèges coloniaux des élites créoles. Mots clés : Glottopolitique, Colombie, Félix Restrepo, Académie Colombienne de la Langue
El objetivo del presente artículo reside en indagar el carácter dinámico de la institucionalización de la política lingüística panhispánica implementada por las academias de la lengua española desde fines de la última década del siglo XX desde el enfoque glotopolítico. Para dar cuenta de ello, se sintetizará, en primer lugar, la historia de las academias y se atenderá a las estrategias de (auto)construcción de su autoridad idiomática tanto en el pasado como en el presente. En segundo lugar, se reseñará la principal bibliografía crítica sobre el tema. En tercer lugar, se analizará un conjunto de situaciones que revelan discordancias al interior del dispositivo panhispánico. Se aludirá también a polémicas que se suscitaron con otros actores y agencias con el fin de indagar su alcance. Finalmente, se abordará el debate ideológico-lingüístico que se generó luego de que se comunicara oficialmente la incorporación de la lengua española como elemento estratégico de la “Marca España” en enero de 2018 por parte del gobierno español. Este acontecimiento glotopolítico se concibe como una nueva etapa en el proceso de institucionalización de la lengua que se caracteriza por el despliegue de una serie de tópicos discursivos, cuyo sentido histórico responde a las exigencias y demandas de la actual coyuntura geopolítica y geoeconómica a escala mundial. Résumé en français (traduction : Francesco Screti avec la collaboration d'Isabelle Affolter) : L’objectif de cet article est d’examiner, selon une perspective glottopolitique, l’institutionnalisation de la politique linguistique panhispanique mise en place par les académies de la langue espagnole dès la fin du XXème siècle. Dans un premier temps, l’article s’attachera à relever, décrire et analyser les implications des désaccords publics les plus significatifs ayant émergé au sein du dispositif panhispanique hégémonique ainsi que ceux dont l’origine est externe, donc causés par d’autres agents et discours politico-linguistiques. Dans un second temps, il se concentrera sur le débat idéologico-linguistique ayant entouré la décision prise par le gouvernement espagnol en janvier 2018 de faire de la langue espagnole un élément stratégique de la « Marca España [Marque Espagne] ». Cet évènement est vu comme une nouvelle étape dans le processus d’institutionnalisation de la langue, un processus caractérisé par le déploiement d’une série de topiques discursives, dont le sens historique répond aux exigences de la situation géopolitique et géoéconomique globale actuelle.
A fines del siglo XIX, España realizó una serie de movimientos glotopolíticos para reavivar el vínculo con sus excolonias. Uno de ellos fue la creación de academias correspondientes de la RAE y el nombramiento de académicos americanos para estrechar los lazos culturales y lingüísticos con aquellos países. En esa época, los Estados hispanoamericanos vivían el proceso de construcción nacional, que implicaba demarcar fronteras políticas, culturales y lingüísticas con la exmetrópoli y los otros países latinoamericanos. En este sentido, interesa discutir por qué los intelectuales hispanoamericanos de entonces legitimaron la autoridad de la RAE participando de las acciones propuestas por esta institución y cómo compatibilizaron esta posición de apoyo a la Academia, promotora de un modelo cultural, identitario y lingüístico monoglósico hispano, con el interés en proclamar una identidad nacional. Abordo la problemática desde la experiencia uruguaya estudiando el rol de un intelectual destacado del período: Juan Zorrilla de San Martín. Palabras clave : siglo XIX, Real Academia Española, intelectuales hispanoamericanos, Uruguay, Juan Zorrilla de San Martín Résumé en français (traduction : Jean le Dû) : Au cours du dernier quart du XIXe siècle, l’Espagne entreprit une série de démarches glottopolitiques destinées à raviver ses liens avec ses anciennes colonies. Au nombre de celles-ci figure la création d’académies correspondantes de la Real Academia Española et la nomination d’académiciens latino-américains afin de resserrer ses liens culturels et linguistiques avec ces pays. À cette époque, les jeunes États latino-américains étaient en plein processus de construction nationale, ce qui les amenait à redéfinir leurs frontières politiques, culturelles et linguistiques tant avec l’ex-métropole qu’avec les autres pays d’Amérique hispanique. À cet effet, il est utile de réfléchir aux raisons qui ont poussé les intellectuels des pays d’Amérique hispanique de la fin du XIXe siècle à légitimer l’autorité de la RAE en participant aux actions proposées par cette institution et à la façon dont ils ont concilié cette position de soutien à l’Académie, promotrice d’un modèle culturel, identitaire et linguistique monoglossique hispanique, avec la revendication de l’émergence d’une identité nationale. Dans ce travail, je propose d’aborder cette problématique à partir de l’expérience uruguayenne en étudiant le rôle d’un éminent intellectuel uruguayen de la fin du XIXe siècle : Juan Zorrilla de San Martín.
Apesar da Linguística formal abstrair as condições sociais em que a língua funciona, ela tem efeitos glotopolíticos concretos, pois os seus resultados contribuem para a delimitação desse objeto social e incidem nas representações que o definem. Este artigo aborda o papel dos linguistas brasileiros nas polêmicas normativas. Para isso, é analisada a relação entre o conflito linguístico e a clivagem social brasileira, assim como a maneira de se constituir a tradição normativa do português no Brasil, por meio de uma “padronização difusa”, autoral e sem instituições com autoridade reconhecida socialmente. Os estudos linguísticos oferecem elementos para contestar essa tradição, ao pesquisar a variação linguística no país e identificar as características da norma culta brasileira, e ao participar na reflexão sobre educação linguística. No entanto, a dificuldade para manter uma posição padronizadora explícita, por causa da distinção entre “descrição” e “prescrição”, fundante do campo científico da Linguística, parece impedir o engajamento glotopolítico necessário entre os linguistas para a delimitação e defesa do português brasileiro.
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