Revue de sociolinguistique
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GLOTTOPOL

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Université de Rouen

Laboratoire Dysola


N°6
juillet 2005

 


Sommaire





   glottopol@gmail.com

ISSN : 1769-7425

 
  


Construction de compétences plurielles en situation de contacts de langues et de cultures

Présentation

Table des matières

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Résumés des articles


Présentation par Fabienne Leconte et Sophie Babault

Ce numéro de Glottopol est issu de la volonté de présenter quelques unes des articulations possibles entre sociolinguistique, acquisition et didactique des langues. Depuis une vingtaine d'années déjà, la conception de l'enseignement des langues, fondée sur un idéal monolingue, dans lequel l'objectif serait d'atteindre les compétences du prétendu locuteur natif, qui parlerait et écrirait avec aisance la variété standard de la langue officielle de son pays, a vécu. On doit cette remise en cause à la diffusion des recherches sociolinguistiques et à leur influence grandissante sur la didactique des langues étrangères et secondes. Des facteurs sociaux sont venus renforcer cette influence, comme l'augmentation des flux migratoires, qui touchent désormais un nombre croissant de personnes et de pays d'une part, les nécessités de la construction européenne, qui obligent à penser différemment l'enseignement des langues dans une perspective d'ouverture à l'autre et de mobilité d'autre part. On peut du reste mesurer l'influence de la sociolinguistique dans la réflexion sur l'enseignement-apprentissage des langues en comparant deux publications du Conseil de l'Europe à vingt-cinq ans d'intervalles : Un Niveau-Seuil (1976) et le Cadre Européen Commun de référence pour les Langues (2001). Dans l'intervalle, on est passé d'une conception de l'enseignement des langues dont le but était d'offrir à l'apprenant la possibilité de communiquer efficacement dans une langue " cible " à un autre but : la construction d'une compétence plurilingue qui inclurait les variétés non standard des différentes langues, où les répertoires langagiers des apprenants ne seraient pas cloisonnés. Cette seconde approche fait la part belle aux compétences langagières et culturelles ainsi qu'aux représentations préalables à l'apprentissage d'une langue quelconque. Cette nouvelle conception de l'appropriation des langues et des cultures appelle à son tour des réflexions appuyées sur des études de terrain défrichant de nouveaux objets. L'apprenant n'est pas seulement un être épistémique, devant mettre en œuvre un certain nombre de procédures cognitives pour s'approprier un objet à traiter : la " langue-culture ". Il devient selon la jolie formule de Py (1997 : 498) " Un bilingue en devenir ", c'est-à-dire un être social. A ce moment-là, il n'est plus unique mais pluriel. Les diverses personnes apprenantes vivent dans des sociétés dans lesquelles les langues et les variétés font l'objet de pratiques, d'usages, de statuts formels et informels, de représentations... qui peuvent être divergents et contradictoires et influent sur les apprentissages.

C'est donc une petite partie de ce foisonnement de recherches que nous présentons dans ce numéro. Les articles réunis ici ne s'inscrivent pas dans une seule perspective théorique, encore moins dans un courant didactique déterminé. Leur point commun est de mettre en avant un " besoin ", et de faire émerger une réflexion à partir d'études de terrain diversifiées. La visée est praxéologique mais tous n'ont pas de prétention didactique. Les cinq premiers articles analysent l'impact des situations sociolinguistiques sur les choix des langues de scolarisation, les représentations qu'enseignants et élèves ont des répertoires langagiers, des variétés non normées et de leur place dans l'institution scolaire. Les cinq articles suivants ont un point de vue résolument didactique, même s'ils peuvent s'appuyer sur des analyses ouvertes à la variété langagière et au plurilinguisme. Enfin les deux derniers présentent des réflexions sur la formation des enseignants.

 

Les analyses de situations sociolinguistiques, d'abord considérées comme bilingues puis étendues à des pays largement plurilingues, ont permis de remettre en cause les oppositions binaires langue1 / langue 2 où l'on considère que les seules langues en présence sont les variantes décrites, équipées, standardisées. Ces analyses ont montré l'importance de la variation et l'existence dans les pratiques ordinaires des locuteurs d'usages de langues alternées et mêlées. Il en est ainsi de la situation analysée par Annette Boudreau et Marie-Eve Perrot. A priori, il s'agit d'une situation de bilinguisme minoritaire " classique " dans laquelle la minorité francophone du Nouveau-Brunswick a revendiqué et obtenu une scolarisation en français. Cependant au Nouveau-Brunswick, il existe une variété, le chiac, née du contact entre le français et l'anglais et qui constitue la langue socio-maternelle de la plupart des élèves scolarisés dans les écoles francophones. L'existence du chiac et la fonction identitaire qu'il remplit auprès des adolescents scolarisés complexifient le choix des variétés enseignées, utilisées ou tout simplement tolérées en situation scolaire. L'article montre la complexité des positionnements respectifs des enseignants et des élèves par rapport aux variétés de français présentes à l'école : chiac, français vernaculaire, standard acadien, français de référence.

L'article de Fabienne Leconte et Clara Mortamet s'intéresse lui aussi aux représentations, mais dans des cas de plurilinguisme plus divers et moins connus. Les auteures se sont intéressées à la manière dont des adolescents originaires d'Afrique noire et d'Europe de l'Est, arrivés en France récemment et scolarisés en classe d'accueil de collège, présentaient et se représentaient leur plurilinguisme. Tous parlaient avant leur venue en France plusieurs langues apprises dans des contextes scolaires et/ou informels, certaines écrites, d'autres non. Fabienne Leconte et Clara Mortamet interrogent la place que les cultures d'apprentissage premières font à l'écrit ainsi que leur influence sur les représentations des adolescents et sur leur mode d'accès au français médium d'apprentissage. Est aussi interrogée l'influence des glottopolitiques d'établissement sur ces mêmes représentations et modes d'accès. Les uns et les autres entrent en résonance avec l'histoire de ces adolescents qui ont, pour la plupart, déjà connu plusieurs ruptures linguistiques, culturelles, familiales ou autres.
Si tous les élèves ne sont pas plurilingues lorsqu'ils arrivent à l'école, certains peuvent le devenir par l'école. C'est la situation qu'a choisi d'analyser Anémone Geiger-Jaillet, qui s'intéresse aux fonctions de l'alternance des langues dans les classes bilingues paritaires alsaciennes. Ici les parents font le choix de scolariser leurs enfants dans des classes maternelles et primaires où l'enseignement se fait à parité en français et en allemand. Là encore, les deux langues officielles - le français et l'allemand - ne sont pas seules en présence puisqu'il faut signaler l'irruption en classe, à l'initiative de l'enseignant dans le corpus analysé, du dialecte alsacien et de certains dialectes germaniques dans des situations particulières. L'alternance des langues provoque le passage d'un univers linguistique et culturel à un autre. Elle est encadrée par les enseignants ou les élèves.

Les familles qui souhaitent une éducation bilingue pour leurs enfants, surtout s'ils vivent en zone frontalière, peuvent recourir à d'autres stratégies : la scolarisation en immersion dans un système linguistique et éducatif bilingue ou en submersion dans le système d'instruction voisin. Sophie Babault et Laurent Puren se sont intéressés à la situation de familles francophones de Belgique et du Nord de la France qui choisissent de scolariser leurs enfants dans des dispositifs bilingues français / néerlandais ou exclusivement néerlandais. Ici l'angle d'analyse ne vise pas tant les interactions à l'intérieur de la classe et les fonctions dévolues aux différentes langues et à leur alternance que l'impact sur les familles et les relations parents-enfants d'une scolarisation dans un système scolaire où la langue médium d'enseignement n'est pas utilisée en famille ni même maitrisée par les parents.

 

Nous quitterons quelque temps l'Europe pour nous intéresser à d'autres situations où frontières étatiques et frontières linguistiques ne coïncident pas. Muhammad Sadisu Muhammad décrit la situation sociolinguistique particulièrement complexe du Nigeria, pays où la totalité de la population est plurilingue mais où le morcellement ethnique et linguistique est compensé par l'existence de longue date de grandes langues véhiculaires auxquelles il faut ajouter l'anglais, langue officielle d'implantation plus récente et plus partielle. Malgré la complexité de ce plurilinguisme, le français a un avenir dans ce pays non pas en tant que langue de " Racine et de Voltaire " mais en tant que langue africaine - langue de communication, de culture et de travail, que les Africains de la grande région Ouest Africaine se sont appropriée. Il faut alors que l'enseignement du français au Nigeria s'adapte dans ses contenus et ses méthodes à son public.
Daniel Modard prône, lui aussi, un enseignement du français qui prenne en compte la pluralité culturelle de la francophonie. Pour ce faire, il nous présente un matériel didactique, les Lettres de Francophonie, qui mettent en scène de jeunes francophones du Canada, du Maroc ou du Liban. Ces vidéogrammes permettent de montrer aux jeunes apprenants de FLE que le français peut être pluriel dans ses accents comme dans sa forme et dans les situations qui servent à son expression. La dimension culturelle est aussi présente. On voit alors que les relations entre langues et cultures ne sont pas univoques mais méritent d'être réinterrogées.

On reste dans une préoccupation qui lie pluralité de la francophonie et enseignement du français langue étrangère lorsque Anne-Rosine Delbart interroge l'apport que les écrivains " français venus d'ailleurs " peut représenter en classe de français langue étrangère, pour des adultes cette fois. En s'appuyant sur les déclarations de nombre d'écrivains ayant choisi le français comme langue d'écriture, bien que ce ne soit pas leur langue première, elle met en avant la construction de la conscience linguistique liée à l'écriture dans une langue chronologiquement seconde ou tierce. L'écriture ne va pas de soi. L'auteure souligne alors l'intérêt qu'il peut y avoir à s'appuyer sur cette conscience en cours de français langue étrangère destiné à des adultes.
Le terrain du français langue étrangère peut être questionné sous un autre angle lorsque l'on s'intéresse à la construction d'une compétence plurilingue et pluriculturelle par les apprenants. C'est ce que fait Evelyne Rosen lorsqu'elle critique l'expression quatre compétences pour désigner le développement, chez les apprenants, de la compréhension (orale et écrite) et de la production (orale et écrite). Les ambiguïtés de l'expression sont liées à un problème de traduction de l'anglais. Ces ambiguïtés amènent à négliger le déjà-là linguistique, culturel, conceptuel des apprenants. Pour y remédier, l'auteure présente alors la terminologie et les principes retenus dans le Cadre européen commun de référence pour les langues, qui permet de dépasser " le flou du FLE ". Cette approche vise à développer le répertoire communicatif d'un apprenant de langue pour faire de lui un acteur social plurilingue à part entière.

La construction de compétences plurielles ne concerne pas uniquement les situations d'enseignement de langue seconde ou étrangère. Pour porter ses fruits, l'apprentissage de la pluralité doit devenir une approche éducative qui se décline à tous les niveaux de la scolarité. Les deux recherches de Marie-Patricia Perdereau-Bilski et Annie Semal-Lebleu portent toutes les deux sur des situations de classes " ordinaires " en France, avec de jeunes enfants scolarisés en maternelle pour l'une, avec des élèves de fin d'école primaire pour l'autre. Marie-Patricia Perdereau-Bilski met en avant la spécificité des jeunes enfants dans l'apprentissage des langues et cultures en analysant des séquences d'une classe maternelle qui expérimente un projet visant l'éducation aux Langues-Cultures par les fêtes culturelles et leurs personnages emblématiques. Par des processus d'apprentissages transversaux, les jeunes enfants échafaudent des passerelles linguistiques et culturelles entre le français langue de l'école, leurs langues familiales et les langues étrangères travaillées en classe. Si tous les enfants n'abordent pas l'apprentissage des langues dans les mêmes conditions, tous structurent leurs compétence méta dans des mouvements d'aller-retour entre leurs connaissances (sociales, familiales, scolaires) le plus souvent implicites et les objets langagiers présentés. C'est par ces mouvements incessants que les compétences langagières plurielles se construisent.
La démarche de Annie Semal-Lebleu est légèrement différente. Elle décrit d'abord le cheminement d'une hypothèse construite à partir d'une recherche-action mettant en regard connaissance de soi et Hommes et métiers chez des élèves de sixième. A partir de là, elle en est venue à s'intéresser aux langues connues par des professeurs d'allemand en formation comme éléments de la connaissance de soi dans la relation au métier. C'est enfin les langues connues par des élèves de CM2 et leurs ascendants (parents et grands-parents) qui nourrissent sa réflexion sur les questions de l'accès à la connaissance et de son évaluation. Elle s'appuie alors sur les potentiels plurilingues de classes de cours moyen dans des milieux sociaux contrastés pour montrer que ce potentiel est un levier pour faire l'expérience de la complexité dès la fin de l'école primaire.

Mais la prise en compte de la pluralité langagière des apprenants, à la fois comme préexistant aux apprentissages et comme compétence à construire, ne peut se faire sans une réflexion sur la formation des enseignants et ce quel que soit le niveau d'enseignement et les contenus langagiers enseignés-appris. C'est à cette réflexion que nous invitent, sur des terrains différents, William Rodriguez et M-J. Barbot. A partir d'un programme d'échanges en francophonie entre des professeurs des écoles français et vietnamiens, qui ont en commun le français de scolarisation, W. Rodriguez s'interroge sur les habitudes d'enseignement liées aux cultures d'origine. Il analyse alors l'intérêt que peut présenter une telle décentration dans la formation des enseignants et l'enrichissement culturel des élèves qui peut en découler. Le système scolaire français n'est plus conçu comme universel, comme c'est encore trop souvent le cas, mais comme fondamentalement culturel. Cette prise de conscience peut en outre permettre de modifier les relations entre enseignants francophones. Elles ne seraient plus entachées des rapports de domination liés au passé colonial mais deviendraient réellement partenariales.
Il s'agit encore de formation des enseignants mais de français langue étrangère cette fois, dans l'analyse que fait Marie-José Barbot des résultats d'une recherche-action. Se préparer à enseigner le français à des personnes pour qui il est langue étrangère (tout du moins dans un premier temps) c'est accepter de remettre en cause ses propres valeurs et normes au profit de processus de construction et déconstruction qui prennent en compte la complexité, l'hétérogénéité ainsi que les métissages de ces mêmes valeurs et normes.

Bibliographie
CONSEIL DE L'EUROPE, 2001, Cadre européen commun de référence pour les langues, Didier, Paris.
COSTE D., COURTILLON J., FERENCZI V., MARTINS-BALTAR M., PAPO E., ROULET E., 1976, Un niveau-seuil, Hatier, Paris.
PY, B., 1997, " Pour une perspective bilingue sur l'enseignement et l'apprentissage des langues ", ELA N° 108, Didier, Paris, pp. 495-503.

    Table des matières

    Fabienne Leconte et Sophie Babault : Présentation

    2

    Annette Boudreau, Marie-Eve Perrot : Quel français enseigner en milieu minoritaire ? Minorités et contact de langues : le cas de l’Acadie

    7

    Fabienne Leconte, Clara Mortamet : Les représentations du plurilinguisme d’adolescents scolarisés en classe d’accueil

    22

    Anémone Geiger-Jaillet L'alternance des langues en classe bilingue comme élément de construction des compétences linguistiques, culturelles et disciplinaires des élèves du premier degré

    58

    Sophie Babault, Laurent Puren : Les interactions familles-école en contexte d’immersion ou de submersion : impact du vécu scolaire sur le " déjà là " familial

    82

    Muhammad Sadisu Muhammad L’enseignement du français en situation plurilingue : le cas du Nigeria

    103

    Daniel Modard : Le français, une langue partenaire au service de la construction de compétences plurilingues et pluriculturelles chez les apprenants francophones. L'exemple des "Lettres de francophonie"

    113

    Evelyne Rosen : La mort annoncée des "quatre compétences" - pour une prise en compte du répertoire communicatif des apprenants en classe de FLE

    120

    Anne-Rosine Delbart : Un atout pour la construction d’une conscience linguistique de la langue cible chez les apprenants de français langue étrangère : l’exemple des écrivains "venus d’ailleurs"

    134

    Marie-Patricia Perdrereau-Bilski : Des savoirs cachés aux savoirs acquis : Quand les premiers étayent les seconds dans la construction de compétences croisées

    145

    Annie Semal-Lebleu : Le potentiel plurilingue d'une classe de cours moyen : tentatives, obstacles, dérives et perspectives

    160

    William Rodriguez : L'"échange " pour construire de nouvelles compétences chez les enseignants en francophonie - Réflexions à partir d’un récent programme de formation entre la France et le Viêt-Nam

    172

    Marie-José Barbot : Les ancrages socio-affectifs : un défi en formation des enseignants

    181

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    Construction de compétences plurielles en situation de contacts de langues et de cultures

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    Fabienne Leconte et Sophie Babault : Présentation

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    Annette Boudreau, Marie-Eve Perrot : Quel français enseigner en milieu minoritaire ? Minorités et contact de langues : le cas de l’Acadie

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    Fabienne Leconte, Clara Mortamet : Les représentations du plurilinguisme d’adolescents scolarisés en classe d’accueil

    résumé

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    Anémone Geiger-Jaillet L'alternance des langues en classe bilingue comme élément de construction des compétences linguistiques, culturelles et disciplinaires des élèves du premier degré

    résumé

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    Sophie Babault, Laurent Puren : Les interactions familles-école en contexte d’immersion ou de submersion : impact du vécu scolaire sur le "déjà là " familial

    résumé

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    Muhammad Sadisu Muhammad L’enseignement du français en situation plurilingue : le cas du Nigeria

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    Daniel Modard : Le français, une langue partenaire au service de la construction de compétences plurilingues et pluriculturelles chez les apprenants francophones. L'exemple des "Lettres de francophonie "

    résumé

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    Evelyne Rosen : La mort annoncée des "quatre compétences" - pour une prise en compte du répertoire communicatif des apprenants en classe de FLE

    résumé

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    Anne-Rosine Delbart : Un atout pour la construction d’une conscience linguistique de la langue cible chez les apprenants de français langue étrangère : l’exemple des écrivains "venus d’ailleurs "

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    Marie-Patricia Perdereau-Bilski : Des savoirs cachés aux savoirs acquis : Quand les premiers étayent les seconds dans la construction de compétences croisées

    résumé

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    Annie Semal-Lebleu : Le potentiel plurilingue d'une classe de cours moyen : tentatives, obstacles, dérives et perspectives

    résumé

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    William Rodriguez : L'"échange" pour construire de nouvelles compétences chez les enseignants en francophonie - Réflexions à partir d’un récent programme de formation entre la France et le Viêt-Nam

    résumé

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    Marie-José Barbot : Les ancrages socio-affectifs : un défi en formation des enseignants

    résumé

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    Résumés

    Quel français enseigner en milieu minoritaire ? Minorités et contact de langues : le cas de l’Acadie par Annette Boudreau et Marie-Eve Perrot

    L’article propose l’analyse de discours croisés d’enseignants et d’élèves de trois écoles secondaires francophones situées dans la région de Moncton (Nouveau-Brunswick, Canada). Dans cette province officiellement bilingue, le français, minoritaire, est en contact intensif avec l’anglais. Le continuum linguistique de la région de Moncton se caractérise par l’existence d’une variété interlectale communément appelée "chiac ", qui constitue la langue socio-maternelle de la plupart des élèves des écoles en question. L’article montre la complexité des positionnements respectifs des enseignants et des élèves par rapport aux variétés de français en présence à l’école (le chiac, français vernaculaire, et le standard acadien, français de référence) et met notamment en exergue le rôle des représentations liées au chiac dans la construction identitaire des élèves. Jusqu’à ce jour, le matériel pédagogique élaboré dans le cadre des programmes de français au Nouveau-Brunswick n’a pas pris en compte la spécificité, la diversité et l’hétérogénité des pratiques linguistiques en milieu minoritaire acadien. L’analyse des discours révèle néanmoins que pour les enseignants, l’élargissement du répertoire des élèves passe par la reconnaissance de leur déjà-là linguistique, qui constitue une donnée de base incontournable, et appréhendée comme telle, dans la situation de classe.

    Mots clés : contact de langues, langue minoritaire, chiac, construction identitaire, norme, aménagement linguistique, éducation, Acadie.

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    Les représentations du plurilinguisme d’adolescents scolarisés en classe d’accueil par Fabienne Leconte et Clara mortamet

    Les enfants nouvellement arrivés en France parlaient tous avant leur venue plusieurs langues, apprises dans des contextes différents. Dans cet article, les auteures exploitent les données d'une enquête menée dans deux classes d'accueil de la région rouennaise. Plus particulièrement, l'analyse porte sur l'influence qu'ont les cultures d'apprentissages préexistantes à l'arrivée en France sur la scolarisation, sur l'apprentissage du français et sur le plurilinguisme. A partir d'entretiens semi-directifs et de dessins de ces adolescents, les auteures décrivent, comparent et discutent la présentation qu'ils font de leurs répertoires langagiers, mais aussi de leurs rapports au français et au système scolaire français, et de leurs difficultés.

    Mots clés : cultures d'apprentissage, plurilinguisme, représentations, classes d'accueil

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    L'alternance des langues en classe bilingue comme élément de construction des compétences linguistiques, culturelles et disciplinaires des élèves du premier degré par Anémone Geiger-Jaillet

    Dans les classes bilingues paritaires alsaciennes de maternelle et de primaire, les enfants apprennent parallèlement et paritairement le français comme L1 et l'allemand L2, à un moment où l'acquisition du langage est encore en pleine élaboration. Certains enseignants ont également recours au dialecte alsacien ou à des dialectes germaniques, dans des situations de cours particulières. Le passage entre les différents univers linguistiques et / ou culturels se fait souvent implicitement, mais aussi parfois explicitement. Dans ces cas-là, on peut parler de stratégies d'encadrement de l'alternance, de la part de l'enseignant ou des élèves. C'est ce que nous allons illustrer à l'aide d'exemples tirés du corpus ALSA (Apprentissage d'une langue seconde en Alsace).

    Mots clés: alternance des langues en classe bilingue premier degré ; transmission des connaissance en L2

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    Les interactions familles-école en contexte d’immersion ou de submersion : impact du vécu scolaire sur le "déjà là" familial par Sophie Babault et Laurent Puren

    Cet article vise à analyser l'impact d'une scolarisation en langue seconde (entièrement ou en partie) sur les pratiques langagières et les modes de structuration familiale. Notre corpus s'appuie sur des entretiens semi-directifs menés auprès de 26 familles francophones, françaises ou belges wallonnes, domiciliées dans le département du Nord et en Wallonie, non loin de la frontière franco-belge. Ces familles ont pour particularité de scolariser leurs enfants dans le système éducatif belge, soit en immersion, dans une école bilingue français-néerlandais située à Mouscron, soit en submersion, dans différentes écoles néerlandophones de Flandre occidentale. De telles stratégies linguistiques et éducatives, marquées par rapport à l'environnement dans lequel vivent les enfants, impliquent une réelle rupture entre les sphères éducatives et familiales. Sous quelles formes cette discontinuité se manifeste-t-elle, comment les familles la gèrent-elles au quotidien, quels repositionnements entraine-t-elle au niveau des rapports parents-enfants ? Telles sont les principales questions auxquelles nous chercherons à répondre.

    Mots-clés : Bilinguisme - Immersion - Submersion - Contacts de langues - Enseignement primaire - Stratégies éducatives transfrontalières - Interactions familles-école - Néerlandais - Belgique

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    L’enseignement du français en situation plurilingue : le cas du Nigeria par Muhammad Sadisu Muhammad

    Une enquête menée notamment auprès de commerçants, d'officiers de l'armée, de professionnels (juristes, médecins) et d'étudiants a montré que de nombreux Nigérians manifestent leur volonté d'apprendre le français. Cette situation n'est pas nouvelle. Cependant ces dernières années, les autorités éducatives du pays et la coopération franco-nigériane se sont concertées pour rénover l'enseignement du français et répondre ainsi à ces besoins langagiers.
    Après avoir présenté la situation du Nigeria avec sa diversité linguistique, nous analysons le statut et le rôle des langues en présence. Nous faisons ensuite le point sur l'enseignement/apprentissage du français dans ce milieu plurilingue et anglophone.
    Il apparait alors que le français a un avenir au Nigeria si le pays prend conscience des enjeux géopolitiques de la sous région, de l'Afrique et du monde.

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    Le français, une langue partenaire au service de la compétence plurilingue et pluriculturelle chez les apprenants francophones. L'exemple des "lettres de la fracophonie" par Daniel Modard

    L’une des grandes originalités de la série Lettres de Francophonie est de permettre à des jeunes francophones du Canada, du Maroc ou du Liban de faire partager un moment de leur existence à d’autres adolescents du monde entier et de leur montrer que le français peut être pluriel, dans sa forme et ses accents, mais aussi dans les situations qui servent à son expression. Ces vidéogrammes sont également l’occasion pour d’autres jeunes de constater qu’une langue ne sert pas qu’à assurer la communication, mais qu’elle possède aussi une dimension culturelle qui forge l’identité d’une communauté. Lors de la mise au point de ces supports et de leur accompagnement pédagogique, c’est cette double perspective (permettre à des jeunes francophones de se dire dans le français qu’ils parlent au quotidien et donner la possibilité à d’autres jeunes de partir de leur "déjà là", notamment sur le plan langagier et culturel) qui a été privilégiée.

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    La mort annoncée des "quatre compétences " - pour une prise en compte du répertoire communicatif des apprenants en classe de FLE par Evelyne Rosen

    L’expression quatre compétences est fréquemment utilisée par les enseignants de Français Langue étrangère pour désigner le développement des compétences des apprenants en compréhension (orale et écrite) et en production (orale et écrite). Dans cet article, nous montrons tout d’abord que cette appellation provient d’un problème de traduction de l’anglais et qu’elle peut conduire à négliger certaines dimensions fondamentales de l’enseignement/apprentissage, en particulier le "déjà-là" des apprenants. Cette clarification nous amène à présenter la terminologie et les principes retenus dans le Cadre européen commun de référence pour les langues - permettant de dissiper les ambiguïtés - et leur application possible sur le terrain de la classe de Français Langue étrangère. Ainsi, en pointant une expression courante mais non adéquate en vient-on à défendre une approche visant à développer le répertoire communicatif d’un apprenant de langue et à faire de lui un acteur social, plurilingue, à part entière.

    Mots clés : répertoire communicatif, Cadre européen commun de référence pour les langues, FLE, compétence plurilingue et pluriculturelle

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    Un atout pour la construction d’une conscience linguistique de la langue cible chez les apprenants de français langue étrangère : l’exemple des écrivains "venus d’ailleurs" par Anne-Rosine Delbart

    Qu'il s'agisse de répondre au cours d'entretiens à des sollicitations de critiques, d'universitaires et de journalistes ou d'exprimer une préoccupation identitaire à l'intérieur d'essais, d'autobiographies ou de fictions, les écrivains ayant adopté le français comme moyen d'expression littéraire se sont beaucoup exprimés sur la problématique de l'écriture dans la langue " de l'autre " et sur leurs rapports avec la langue source provisoirement ou complètement délaissée.
    S'il faut rester prudent devant des déclarations qui confinent parfois à de réels actes de foi, les discours sur la (ou les) langue(s) de la part des experts en maniement du langage que sont les écrivains révèlent la construction d'une conscience linguistique de la langue cible affinée par l'expérience du multilinguisme.
    Le présent article se propose de montrer comment les apprenants, à l'aune de leur propre expérience plurilingue, pourraient bénéficier de la connaissance et de l'étude critique des propos de quelques-uns de ces grands modèles.

    Mots clés : F.L.E., Littérature française, Plurilinguisme, Translinguisme, Contacts des langues et des cultures.

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    Des savoirs cachés aux savoirs acquis : Quand les premiers étayent les seconds dans la construction de compétences croisées par Marie-Patricia Perdereau-Bilski

    Tous les enfants n’abordent pas l’apprentissage des langues-cultures dans les mêmes conditions. Ce qui les différencie, c’est à la fois la perception qu’ils ont de ses finalités, la compréhension qu’ils ont de ce qui s’y joue et surtout le transfert qu’ils effectuent entre ce qu’ils savent déjà et ce qu’ils sont entrain d’apprendre. Par ce processus d’apprentissage transversal, le jeune apprenant échafaude des passerelles linguistiques et culturelles entre le français langue de l’école, ses langues familiales et les langues étrangères. C’est dans les mouvements incessants d’allers-retours dedans-dehors que sa pensée méta et donc les compétences plurielles vont se re-structurer et se construire. Il ne s’agit plus d’ignorer ces contacts de langues-cultures mais de créer une synergie, un étayage entre ces processus langagiers, culturels et identitaires. La médiation entre les différents apprentissages se révélant comme un passage obligé dans la didactique des langues-cultures. Cette communication s’intéressera au traitement des relations français/autres langues dans la double construction de compétences linguistiques et notionnelles, surtout lorsque le français est langue de l’école. Nous nous réfèrerons à des projets d’éducation aux langues-cultures menés à l’école élémentaire dans la perspective de la maitrise de la langue.

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    Le potentiel plurilingue d'une classe de cours moyen : tentatives, obstacles, dérives et perspectives par Annie Semal-Lebleu

    L’approche éducative des choix d’orientation implique de s’intéresser à son environnement et de prendre conscience du potentiel d’apprentissage qu’il recèle. Tout groupe cristallise, par sa diversité des environnements de ses membres, la complexité et la richesse du monde, ainsi en va-t-il d’un groupe classe. S’attachant aux biographies linguistiques de chacun, cette étude s’attache à prouver que le potentiel linguistique d’une classe est un levier pour faire l’expérience, dès le CM2, le concept de complexité. Au regard du Cadre européen commun de référence pour les langues d’une part et de la loi concernant la Validation des acquis de l’Expérience d’autre part, se posent aussi les questions de l’accès à la connaissance et de son évaluation. Il s’agit de montrer ici combien une classe peut être un lieu-Babel où le futur citoyen du XXIème siècle peut apprendre la pluriculturalité et la traduction comme langue de l’Europe.

    Mots clefs : complexité, curriculum, expérience, potentiel plurilingue, reliance.

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    L'"échange" pour constuire de nouvelles compétences chez les enseignants en francophonie - Réflexions à partir d’un récent programme de formation entre la France et le Viêt-Nam par William Rodriguez

    En présentant un programme d’échanges entre des professeurs des écoles en formation dans un I.U.F.M. français et des enseignants vietnamiens de "classes bilingues", il s’agit de montrer quelles compétences pourraient être développées chez les enseignants grâce à ce programme. Par le biais de l’échange, autour d’un noyau commun ayant des variations propres, le français de scolarisation, les enseignants sont alors confrontés à une nouvelle culture scolaire. Ainsi, en mêlant leurs habitudes d’enseignement liées à leur culture d’origine à ces habitudes d’apprentissage qui leur étaient inconnues auparavant, les enseignants construisent de nouvelles compétences, dont une réflexion critique, utilement ré-exploitables dans leur propre classe ou, par exemple, au sein de projets de conception de matériel pédagogique. Enfin, en ouvrant des perspectives d’enrichissement du répertoire didactique des enseignants, tel programme se veut aussi être un artisan de l’enrichissement culturel des élèves.

    Mots clés : éducation primaire, français de scolarisation, enseignement bilingue, interculturel, formation, pratiques pédagogiques.

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    Les ancrages socio-affectifs : un défi en formation des enseignants par Marie-José Barbot

    Prendre en compte le déjà là des apprenants dans la construction d’une compétence culturelle et langagière en français renvoie à la question préalable de la formation des enseignants. Quelles représentations et quelles expériences ont-ils des processus de déconstruction, construction qui s’opèrent dans le va et vient entre langues et cultures différentes. Comment se vit un entre deux qui concerne le sujet, ses repères et ses valeurs sur le plan personnel, communautaire et social ? Nous présenterons des résultats d’une recherche-action qui paraissent modélisables en formation d’enseignants appelés à prendre en compte la complexité, l’hétérogénéité, des métissages de valeurs et de normes. Cette formation qui se place dans une approche anthropologique de la relation éducative devrait permettre d’avoir soi-même une expérience de l’exposition à une autre langue et à une culture étrangères. La réflexion porte sur les descripteurs et les outils à se donner pour favoriser sa propre prise de conscience des processus en jeu et, en miroir, la façon de l’accompagner (notion de double piste de Bertrand Schwartz de la personne en formation).

    Mots clés : accompagnement autonomisant, autonomie, étayage, expérience, journal d’étonnement, formation interculturelle, interaction, processus

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Dernière mise à jour :

25 janvier 2010

 

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