Revue de sociolinguistique
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Université de Rouen

Laboratoire Dylis


N°25
janvier 2015



Sommaire





   glottopol@gmail.com

 

ISSN : 1769-7425

 
  


L'autotraduction : une perspective sociolinguistique

Introduction

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Résumés des articles

Des langues minorées aux "langues mineures" : autotraduction littéraire et sociolinguistique, une confrontation productive par Christian Lagarde

Avant toute chose, levons une ambiguïté de l’intitulé de ce dossier : il s’agit clairement ici de traiter d’autotraduction littéraire. Ce n’est, bien entendu, là qu’un des aspects que peut revêtir la pratique autotraductive, comme le rappellent plus ou moins incidemment deux contributions (l’une – Rautaoja/Gambier –, à propos de l’activité principale de l’autotraducteur étudié, l’autre – ar Rouz –, au titre d’un moyen non négligeable de resocialisation d’une langue en danger de substitution). Toutes les formes de traduction technique (qui, contrairement à certains présupposés, n’est pas nécessairement allographe) relèvent d’une démarche similaire, y compris dans le domaine culturel (que ce soit, par exemple, une notice biographique, un catalogue d’exposition, une quatrième de couverture, le sous-titrage d’un court-métrage, etc.) : elles ont au fond la même finalité de transmission/communication d’un discours écrit ou oral d’un code linguistique à l’autre, voire d’une culture à l’autre, à la différence près que le texte littéraire possède une dimension esthétique irréductible.
Cela étant posé, sociolinguistique et littérature peuvent-elles faire bon ménage ? En France, la réponse à pareille interrogation est susceptible de varier selon les deux écoles sociolinguistiques qui s’y sont développées. Et c’est ici le lieu de formuler tous mes remerciements à celle de Rouen, qui s’incarne dans Glottopol, d’avoir fait une place, à la faveur de ce n° 25, à celle de Montpellier dont je crois pouvoir me revendiquer.

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À y regarder de près, la distance entre elles, ne porte pas tant sur le fond – après tout, les sociolinguistes occitan(iste)s émules de Robert Lafont, passablement séduits par la « polynomie » corse de Jean-Baptiste Marcellesi (1991)[1 ], auraient sans aucun doute gagné à se montrer plus pragmatiques, sur le terrain de la mise en œuvre des politiques linguistiques, à l’image de ce dernier – que sur des options de domaine. Si Marcellesi est resté du côté de la langue, des rapports de la langue au politique[2 ] que ses successeurs ont réinterprétée dans le domaine de l’intégration à travers l’éducation plurilingue, l’immense œuvre personnelle de Lafont, campe, un pied sur la langue et un projet politique global, l’autre sur l’analyse et la création littéraires[3 ]. C’est par la « textualisation de la diglossie » que s’est opérée très tôt chez lui (le texte de 1976 trouve ses origines dans ses réflexions sur « l’aliénation » [Lafont, 1965] et même dès 1952) cette jonction, et que Boyer[4 ], sur le discours politique, Gardy[5 ], sur l’écriture, la littérature et la sociologie de la littérature, Kremnitz[6 ], des deux côtés à la fois, et bien d’autres, lui ont, chacun à sa manière emboîté le pas. De cette orientation, les nombreux numéros de Lengas[7 ] publiés à ce jour, portent la trace indélébile.

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La diglossie, facteur d’asymétrie, et sa « textualisation »
La diglossie fait donc figure de notion-clé, et son itinéraire épistémologique balisera – ne serait-ce parfois qu’en filigrane – l’ensemble du dossier qui est ici présenté, de manière apparemment paradoxale, puisque la raison d’être de la diglossie est l’expression, selon des échelles variables au gré des différentes évolutions, d’une inégalité – entre variétés d’une même langue (Psichari, 1928), entre celles-ci et/ou langues apparentées (Ferguson, 1959) voire deux langues quelles qu’elles soient (II Congrès de la culture catalane, 1986)[8 ] –, alors même que la traduction et l’autotraduction s’inscrivent sous le signe égalitaire de l’équivalence entre source et cible. Il n’en reste pas moins que le diglotte, le traducteur et l’autotraducteur sont fondamentalement des sujets bilingues, voire plurilingues, et qu’ils se meuvent, en vertu de l’articulation bilinguisme individuel/diglossie sociale posée par Fishman (1967) au sein d’ensembles sociopolitiques, socioéconomiques, sociolinguistiques, socioculturels et sociolittéraires, parfois ressemblants, le plus souvent divergents et singuliers, et fréquemment antagoniques.
La « textualisation de la diglossie » est envisagée comme une spectacularisation, dans un écrit qui n’est pas nécessairement littéraire, de celle-ci, comme la mise en évidence de ce que l’on dénommera par la suite, pour ce qui est de la traduction, une « asymétrie » voire une « verticalité » (Parcerisas, 2009 ; Grutman, 2009b), marquée aussi bien dans la directionnalité de l’échange que dans l’interférence linguistique, ou bien encore le poids des canons littéraires, objet de transferts culturels. Le plus souvent en effet, dans la confrontation des langues et des cultures, les échanges sont loin d’être aussi neutres qu’on pourrait se plaire à le penser : le « contact des langues » harmonieux et complémentaire (Weinreich, 1953) se décline fréquemment sur le mode conflictuel (Aracil 1965, 1966 ; Ninyoles, 1969) ; le « champ littéraire » (Bourdieu, 1992, 1998) s’est constitué à l’échelon national, occultant les manifestations infranationales, avant que ne s’impose, au niveau supranational, la mondialisation/globalisation, dont la pleine mesure sera prise en charge, aussi bien par les études postcoloniales (Bhabba, 2007) que par une sociologie de la littérature actualisée (Casanova, 1999).

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Comme Barthes (1953) l’a montré, la littérature relève de l’institution, tandis que, par son écriture, l’auteur se coule dans le moule qu’elle lui tend, ou au contraire en nargue l’autorité. On a affaire ici aussi, ni plus ni moins qu’au rapport de l’individu (fût-il membre d’une école groupusculaire) à cette institution, dont la vocation – parce qu’il en va de son intérêt à elle – est l’imposition, plus ou moins brutale, plus ou moins subtile, d’une norme (linguistique, artistique ou littéraire) que le plus souvent, l’écrivain, l’artiste et jusqu’au locuteur s’ingénient à contourner pour s’exprimer en toute liberté en faisant montre d’une certaine singularité ou inventivité.
C’est par ce bout individuel de la lorgnette que se sont développées les études sur la traduction : le traducteur est celui par qui l’œuvre unique d’un créateur unique change de champ. Les acteurs et les circonstances ne sont jamais ou presque les mêmes, mais la translation, elle, a toujours lieu. On focalise alors généralement davantage sur les techniques traductives, sur les recours langagiers et esthétiques, que sur la signification et les voies que suppose cet acte, aussi ancien que peut l’être l’humanité, sans forcément en mettre en évidence les enjeux, de nature économique ou symbolique, qu’il véhicule, consciemment ou non. Dans le cas de l’autotraduction, la problématique se surdétermine, comme on va le voir, dans les deux sens à la fois.
La figure de l’auteur et celle du traducteur ne faisant plus qu’une – un seul sujet bi- ou plurilingue, entre deux langues et deux cultures, voire davantage –, grande est la tentation de centrer l’étude sur le « cas » qu’il constitue, à l’image du point de vue interactionnel. Et cela, quand bien même on considérerait, comme naguère Albert Memmi (1957), que « un homme à cheval sur deux cultures est rarement bien assis ». Une telle affirmation, qui a été source de polémique (dans la mesure où on a voulu y voir une défense du « mono » face au « bi » ou au « pluri »), n’en révèle pas moins la tension entre l’unique et le collectif : même à son corps défendant (parfois, au pied de la lettre, la menace vise à attenter à celui-ci – comme naguère Atxaga au Pays basque (Apalategui, 2000 ; Manterola, 2013), ou, dans une autre perspective, Rushdie à Londres (Bhabba, 2007)), le bilingue qu’est l’individu autotraducteur, incarne le trait d’union entre des langues, des cultures ou des idéologies contradictoires, en guerre (jusqu’à la violence concrète, au-delà de la métaphore de Calvet (1987) sur les langues). L’auteur-autotraducteur est donc « le lieu du contact » (comme dirait Weinreich), plus spécifiquement, semble-t-il, le « lieu » privilégié des tensions et contradictions.

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Comme l’ont indiqué les membres du groupe de recherche AUTOTRAD, Helena Tanqueiro en tête, l’autotraducteur est en effet un traducteur « privilégié » (Tanqueiro, 2002), de par son double rôle de créateur et de passeur, qui se mue parfois en re-créateur. Son privilège réside dans son droit d’autorité sur le texte qui l’autorise d’autant plus à le raturer que sa subjectivité d’auteur se trouve confrontée à la nécessaire objectivation (le texte étant mis à distance) qui est également le lot du traducteur allographe. Mais, contrairement au « pacte de fidélité » que ce dernier se doit de remplir, l’autotraducteur, tout en produisant une traduction, peut s’autoriser certaines licences qui sont a priori prohibées au premier nommé : l’autotraducteur, quoique toujours transgresseur en puissance, ne saurait donc être taxé pour autant de traditore.
Alors même que l’autotraduction remonte à la plus haute Antiquité, comme l’a révélé avec une profusion encyclopédique Julio-César Santoyo (2004, 2013), les études dont elle fait l’objet sont récentes : on a coutume de les faire remonter à 1985-1986, en l’occurrence à la recherche que Brian Fitch avait consacrée à Samuel Beckett et à ses suites. En un quart de siècle d’existence, la discipline s’est installée dans le paysage épistémologique, comme en témoignent les deux articles successifs de Rainier Grutman (1998, 2009a) dans la Routledge Encyclopedia of Translation Studies. Mais elle n’en a pas moins évolué, des grandes figures littéraires au carrefour de langues de culture vers des auteurs à la croisée de langues de statut inégal. Les précieuses schématisations élaborées par Helena Tanqueiro pour AUTOTRAD matérialisent le passage de préoccupations strictement traductologiques et littéraires (Tanqueiro, 2007 : 92) à des considérations interdisciplinaires connectant l’autotraduction, non seulement aux études littéraires et traductologiques[9 ], mais aussi à la sociolinguistique et à l’étude du polysystème littéraire (Tanqueiro, 2013 : 280).

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Les recherches, rencontres et publications scientifiques portant sur l’autotraduction se multiplient, singulièrement en Europe occidentale. On citera les deux colloques italiens de Pescara (2010), Autotraduzione. Teoria ed esempi fra Italia e Spagna (e oltre) et de Bologne (2011) Autotraduzione. Testi e Contesti[10 ], celui de Perpignan (2011) L’Autotraduction, aux frontières de la langue et de la culture, ou encore celui de Cork (2013) Self-Translation in the Iberian Peninsula[11 ] ; le numéro « Self-Translation: Brokering Originality in Hybrid Culture » de la revue Bloomsbury Studies in Translation Paperback (Cordingley, 2013) ; les ouvrages qui tangentent le thème, comme La traduction dans les cultures plurilingues (Mus & Vandemeulebroucke, 2011) ou ceux issus à ce jour des colloques de Pescara (Rubio Arquez & D’Antuno, 2012) et Perpignan (Lagarde & Tanqueiro, 2013), et ceux sous presse, L’autotraduction littéraire : perspectives théoriques (Ferraro & Grutman, à paraître) et Self-translation and Power: Negotiating Identities in European Multilingual Contexts[12 ].
Ce bouillonnement, qui a manifestement l’Espagne « des autonomies » comme épicentre, se déploie actuellement sur au moins sept pays européens, principalement ceux qui sont, à des degrés divers d’officialité, bi ou plurilingues, mais aussi ceux, comme la France, où une idéologie unilinguiste (Boyer, 2000)[13 ] est battue en brèche par des concessions qui, sans reconnaître pour autant l’existence de minorités, admettent la dimension « régionale » de certaines langues et cultures. On observera que, comme à l’accoutumée, les langues représentées dans ce dossier, sont celles qui comptent parmi les plus véhiculaires : l’anglais, bien sûr, l’espagnol et le français, combinées à des langues internationales (le russe, le portugais), ou nationales (l’italien, le grec, le suédois, le finnois) ou aspirant à le devenir (le catalan, le basque), ou bien se contentant d’une dimension régionale (le galicien, l’occitan ou le breton).

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L’« asymétrie », de type diglossique, parcourt ces différentes strates, mais il en est d’autres, plus subtiles, à l’intérieur même des langues, comme les variantes dialectales par rapport au standard, et jusqu’au système de représentations individuel, qui attribue à chacune des langues, variétés ou registres en présence, une valeur, de fait hiérarchisante, et une/des fonctionnalités propres, distinctes. Nous sommes bien alors dans la configuration diglossique telle qu’elle est ressortie de la dérive de la notion créée par Psichari, devenue le désignant type et presque universel d’une inégalité. Rares sont en effet les auteurs-autotraducteurs qui placent vraiment leurs langues ou modalités linguistiques sur un pied d’égalité : soit la mise en fiction mime leurs fonctionnements sociaux, soit elle les subvertit de manière compensatoire, comme l’ont démontré Gardy et Lafont (1981) à propos de l’occitan. La subjectivité, liée à une survalorisation symbolique, tend alors à inverser dans le texte (comme dans l’univers carnavalesque) le rapport de force réel, de la même manière que, selon Deleuze et Guattari (1975), une « langue mineure » forgée par l’écrivain parvient à déstabiliser de l’intérieur (à faire boiter) quelque langue que ce soit, indépendamment du statut précédemment évoqué.

 

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Un parcours de lecture, du « macro » au « micro »
L’ensemble des dix-sept textes réunis dans ce dossier offre une grande variété d’approches du thème traité. On y reconnaîtra en premier lieu les deux points de vue fondateurs que la démarche sociolinguistique tente depuis ses origines de fédérer : le « macro » et le « micro ». Ici, le « macro » correspond à des approches globales portant sur le territoire épistémologique de l’autotraduction ou bien à celles qui envisagent une aire linguistique ou un territoire ; le « micro », à des études de cas prenant pour objet la figure d’un auteur-autotraducteur. Cet angle, le plus classique en matière d’étude sur la traduction, est susceptible d’interpeller la dimension sociologique dont se prévaut – par essence, pourrait-on dire – la sociolinguistique ; ce serait là néanmoins ignorer que le positionnement le plus souvent à la marge de l’auteur-autotraducteur nous informe sur les différents collectifs entre lesquels il se positionne et, à sa manière, agit ; ce serait également faire fi du caractère emblématique que cet individu peut acquérir dans ces différentes sphères sociales : intégrer une grande figure littéraire (Nabokov, Puig, Tabucchi, Alexakis) à sa culture voire à son panthéon, est un acte d’appropriation qui, parce qu’il vaut reconnaissance, est hautement significatif.
Sous l’angle des terrains, à côté de cas présentant une certaine originalité, comme le bilinguisme suédo-finnois chez Karl Ekman, ou celui, franco-américain de Nouvelle Angleterre, de Gustave Chabot, émergent deux axes porteurs, que sont d’une part les langues ibériques (basque, galicien, et ici dans une moindre mesure catalan et portugais, avec, en toile de fond quasi omniprésent, le castillan/espagnol) ; d’autre part les « langues régionales » de France (basque à nouveau, breton et occitan). Au-delà, les trajectoires personnelles Russie- Etats-Unis pour Nabokov, Grèce-France chez Alexakis, Argentine-Europe-Etats-Unis- Mexique-Brésil pour Puig, Italie-Mexique chez Tabucchi, prennent la dimension d’un monde globalisé (quand bien même il se circonscrit ici à l’Occident).

Par ailleurs, le lecteur pressé constaterait qu’une large moitié des contributions présentées pourrait être regardée comme susceptible de se réduire à des doublons. Fort heureusement, il n’en est rien, car le lecteur attentif aura tôt fait de constater que, si le rapport à un auteur ou à une situation met certes ces textes en interface, les points de vue adoptés par leurs rédacteurs s’inscrivent dans la différence et la complémentarité. Il s’agira en somme d’aller, à contre-courant de l’histoire de la discipline, des langues minorées socialisées vers les « langues mineures » forgées à l’échelon individuel.

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Des perspectives cavalières
L’organisation proposée est placée sous le signe d’une diversité d’approches, de terrains, de combinaisons linguistiques et d’époques de production culturelle, relativement ordonnée selon une véritable tension entre, d’une part, des ébauches, nécessairement plus ou moins abouties – parce que la discipline est à la fois complexe et nouvelle –, d’une sociologie de l’autotraduction et, d’autre part, ce que Grutman dénomme une « galerie de portaits » qui, selon le « cahier des charges », ne devaient plus être regardés comme autosuffisants mais au contraire sous-tendus par une mise en perspective sociologique, elle-même informée par la théorie sociolinguistique et/ou celle des polysystèmes littéraires. Cette tension est magistralement posée par Rainier Grutman ; elle court, toujours ou presque (car parfois encore mal intégrée à une réflexion et une pratique héritières de moules disciplinaires – critique littéraire, littérature comparée, traductologie – bien assimilés) au fil des dix-sept contributions qui sont ici réunies. Le lecteur pourra bien sûr picorer dans cet ensemble et y rechercher, qui son terrain linguistique, qui son auteur de prédilection, mais voudra bien prendre cependant acte de ce principe de fonctionnement interne, que l’on souhaiterait productif de sens et de dynamique au regard d’un champ épistémologique qui n’en est encore qu’au stade d’un débroussaillage.

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Le dossier s’ouvre sur deux textes génériques. Celui de Rainier Grutman l’inaugure en ciblant la problématique d’un point de vue proprement sociolinguistique, en s’axant sur le basculement d’une conception de l’autotraduction centrée sur des individualités à tous égards remarquables – une sorte de dream team en la matière – vers une appréhension beaucoup plus large d’un phénomène qui, tout en comprenant ces belles individualités, regroupe les innombrables auteurs en porte-à-faux entre des/leurs langues inégales. De manière rigoureuse et très suggestive, Grutman reprend, pour dire cette inégalité universelle, la notion métaphorique de « galaxie des langues » de de Swaan (1993) et la « théorie gravitationnelle » de Calvet (1999, 2001) qui en dérive, et, en les croisant avec la théorie des polysystèmes d’Even Zohar (1990), il en esquisse tout un éventail de potentialités. L’article de Christian Lagarde lui emboîte le pas quant à la visée généraliste, sociolinguistique et sociolittéraire qu’il adopte, tout en renversant la perspective « en interne », du côté de l’auteur-autotraducteur. Quelles sont les motivations du choix de sa démarche ? Au-delà des affects ou des circonstances vitales qui constituent le cas général, le créateur issu d’une langue minorée a-t-il pour sa part véritablement le choix, et quelles conséquences celui-ci peut-il supposer pour l’individu qui l’adopte vis-à-vis « des siens »… dans la mesure où, s’agissant d’un bilingue et biculturel, on peut parvenir à les définir ainsi ?

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On passe ensuite à une série de trois articles consacrés à l’espace hispanique. Julio-César Santoyo est un historien de la traduction et, plus récemment, de l’autotraduction. Sa contribution, après avoir rappelé la dimension diachronique de cette modalité traductive, brosse un tableau exhaustif de ses manifestations contemporaines dans l’espace de la Péninsule ibérique. À côté d’un Portugal bien assis dans sa langue nationale, quoique « travaillé » depuis les dernières décennies par les productions issues de son ancien empire, Santoyo montre non seulement la richesse mais aussi la montée en puissance de l’autotraduction dans une Espagne dont la configuration en régions autonomes favorise un bilinguisme diglossique qui vient néanmoins buter – même en domaine catalan, celui qui présente le plus grand appareil éditorial, le plus grand lectorat potentiel et la plus grande vitalité – sur la véhicularité nationale et internationale de l’espagnol.
Xosé Manuel Dasilva confirme ce constat pour ce qui est de la riche littérature galicienne contemporaine autotraduite, linguistiquement en affinité avec l’univers lusophone dont le galicien est historiquement le berceau, et culturellement conditionnée par l’appartenance de la Galice à l’Espagne. L’autotraduction est de ce fait l’un des terrains de débat entre une frange « réintégrationniste »[14 ] qui prône le rapprochement avec le Portugal et, de ce fait, le lectorat potentiel d’une langue à laquelle l’empire déchu a donné une importante véhicularité, et une majorité de Galiciens qui se pense davantage dans son propre cadre et en région espagnole qu’en nation vouée à une éventuelle indépendance politique et culturelle. Le foyer dynamique de création littéraire local, potentiellement en mesure de constituer un champ, se trouve de fait pris au piège de la diglossie, quand bien même ses auteurs les plus emblématiques entendent en jouer pour dynamiser leur carrière personnelle.
C’est cette même approche sociologique de l’autotraduction que nous retrouvons dans la contribution d’Elizabete Manterola sur un champ littéraire basque qu’elle juge constitué. Cependant, malgré une conscience identitaire unitaire nationale basque transfrontalière portée radicalement au plan politique, Manterola observe que les conditions sociolinguistiques, tout comme celles de production et de réception de la création littéraire en euskera, sont très dissemblables de part et d’autre de la frontière politique franco-espagnole. Au-delà d’une subordination aux marchés littéraires des deux états et malgré quelques signes de porosité, on constate une vraie dissymétrie, due à la différence de statut sociopolitique et par voie de conséquence, aux pratiques et aux représentations. Une dynamique de réappropriation de la langue s’est produite au Sud, qui constitue un puissant moteur d’une création ; mais celle-ci, se heurtant à l’altérité de l’euskera[15 ], trouve dans l’autotraduction un exutoire indispensable à sa reconnaissance élargie.

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La problématique nationale-transfrontalière adoptée par Elizabete Manterola incite à focaliser l’observation sur le Pays basque nord[16 ], et à travers lui, à examiner les conditions dans lesquelles se développe, en France, l’autotraduction à partir des dénommées « langues régionales »[17 ] qui, en dépit d’indéniables spécificités, partagent un sort historique substitutif et des stratégies de neutralisation voire de renversement de la diglossie similaires. L’article que Katixa Dolharé consacre à l’œuvre d’Itxaro Borda, met l’accent sur les contraintes idéologiques qui continuent de peser au Pays basque nord sur le créateur comme sur son environnement, en dépit d’une pacification amorcée. Dolharé donne à voir à son lecteur la signification transgressive que prend aujourd’hui encore l’autotraduction en pareil contexte : elle constitue rien moins, selon elle, que le gage, non seulement d’une ouverture aux différentes altérités, mais à une identité reconstruite selon d’autres modalités.
L’autotraduction dans le cadre de la littérature bretonne est ensuite abordée par deux contributeurs, David ar Rouz (en français, Le Roux) et Erwan Hupel, sous le signe de la figure désormais tutélaire de Pierre-Jakez Hélias et de son Cheval d’orgueil[18 ], best-seller s’il en fut en son temps, aujourd’hui regardé dans toute l’ambiguïté de la démarche de son créateur. David ar Rouz, traducteur professionnel et titulaire d’un doctorat de traductologie, brosse un ample tableau des formes qu’a pu prendre l’autotraduction en Bretagne et surtout, sur une toile de fond diachronique allant jusqu’à l’actualité, de ce qu’elle a représenté et représente aussi bien pour les écrivains que pour leur public. Selon lui, la revendication d’une expression littéraire et non-littéraire en Bretagne aujourd’hui s’accompagnerait d’une désaffection vis-à-vis de l’autotraduction et serait la marque du pari d’un au-delà de la diglossie, dans le cadre d’une néo-brittophonie reconquérante. Erwan Hupel part quant à lui d’un corpus plus resserré, qu’il analyse très finement en mettant en évidence une ligne de fracture diglossique, marque de la domination, qui assignerait au texte breton le rôle d’hypotexte dépendant d’un hypertexte français qui lui permettrait en quelque sorte d’advenir.

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En effet, Hupel s’interroge – comme le fait ensuite, pour la langue occitane, Joan-Claudi Forêt – sur le simulacre que peut constituer une écriture en breton (ou en occitan) par des auteurs formés en français et pétris d’une culture française qu’ils valorisent, des œuvres destinées à être reçues par des lecteurs possédant ces mêmes caractéristiques : une sorte de « syndrome de Stockholm » qu’imposerait – comme, du reste, nous venons de le voir, en Espagne – la configuration diglossique interne d’un État et les modalités d’accès à la culture savante. Le texte que propose Forêt revêt quant à lui un intérêt tout particulier, du fait double positionnement (lui-même dédoublé) de son auteur, qui traite la littérature occitane contemporaine à la fois partir de sa subjectivité d’écrivain et d’autotraducteur, et de sa position d’observateur impliqué, que ce soit comme traducteur ou éditeur. Une telle diffraction des points de vue le conduit à une appréhension particulièrement sensible et d’une grande acuité de ce que peut être et signifier la création et la diffusion de la littérature dans une langue minorée de France aujourd’hui, à cheval sur une riche littérature millénaire et un lectorat certes renouvelé, mais dont la taille restreinte condamne l’auteur à se faire traduire ou à s’autotraduire.

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Des « cas » toujours complexes
Nous avons jusqu’ici abordé des configurations « classiques » où la textualisation de la diglossie est caractérisée par et constitue une clé interprétative peu discutable. Nous en venons à présent à des études de cas moins connus, et déjà à travers des individualités : la « galerie de portraits » grutmanienne s’annonce...
La contribution de Turo Rautaoja et Yves Gambier met en scène, avec Karl Ekman, un auteur et traducteur professionnel non littéraire qui, par admiration pour le mythe national finlandais qu’est le musicien Jean Sibelius, lui consacre (en 1935) une biographie. Dans un contexte d’exaltation de la nation, le débat sur le fait de savoir si un texte premier finnois a été traduit par son auteur en suédois (comme le veut la version officielle), ou si au contraire (comme le laisse entendre la version révisée de 1956) il l’a été en finnois à partir du suédois, véritable langue première de ce bilingue, n’est certainement pas innocent. D’autant plus que Ekman relève d’une communauté suédophone reconnue et nullement stigmatisée, dont la place au sein de l’édition finlandaise de l’époque était encore prépondérante.

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D’un continent l’autre, de minorité il est également question avec celle, qualifiée d’« exiguë », des Franco-américains de Nouvelle-Angleterre, aux Etats-Unis, qu’étudie Peggy Pacini. Elle se penche sur les textes et créations théâtrales de Grégoire Chabot, rédigées dans une reconstitution personnelle de la variété orale de français local, comparable au joual montréalais. Ce mode d’expression a surtout valeur de témoignage d’une francophonie en phase avancée de substitution face à une anglophonie envahissante. L’exercice d’autotraduction de Chabot est en réalité un recours, de l’ordre des « soins palliatifs », contre ce devenir. Il se présente à l’écrit en miroir, pour inviter le lecteur à parcourir l’original francophone, si ce n’est à se l’approprier, mais il se heurte néanmoins à la difficulté du rendu des registres et des effets de décalage diachronique voulus par l’auteur lorsqu’il met en scène un certain Jacques Cartier.
On en viendra ensuite à la figure, « classique » en matière d’autotraduction, de Vassilis Alexakis, écrivain bilingue si l’en est, et souvent autotraducteur de ses œuvres dans le sens inverse de celui dans lequel il a pu/su les écrire dans un premier temps. Michel Calapodis et Elisa Hatzidaki, ses compatriotes grecs, font de ses écrits une analyse, pour l’essentiel, socio-historique, le point d’orgue de la conception de la langue et de la culture grecques étant dans ces convulsions entre langue pure archaïsante (catharevoussa) et langue populaire (dimotiki), naguère pointées par Yannis Psicharis/Jean Psichari dans sa conception initiale de la diglossie – convulsions dont accouchera le « grec moderne ». Alexakis, qui en recueille la synthèse, n’est pas véritablement – et pour cause – dans ce débat, pas plus qu’il ne s’inscrit dans un rapport diglossique entre grec et français : il vise simplement à être double, autant que possible équidistant – l’équilibre étant fragile, surtout sur la durée comme en atteste son itinéraire personnel. C’est ce que plus précisément María Recuenco envisage pour sa part, à savoir une périodisation de l’œuvre d’Alexakis au prisme de la création et de l’autotraduction, liée à des contraintes contextuelles (en particulier, celles qui ont motivé son exil et poussé l’auteur à se fondre dans un universalisme caractéristique de sa culture française d’adoption) et à des aspirations plus personnelles – comme cet ultérieur retour aux sources, par les thématiques, la langue et le lieu même de résidence. Ainsi donc, quand bien même le bilan global de l’œuvre produite dans les deux langues serait à ce jour équilibré, la trajectoire d’Alexakis n’en demeure pas moins objectivement segmentée et contrainte.

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Avec Olga Anokhina, dont c’est une des spécialités de recherche, on intègre un versant plus traductologique de notre problématique, en abordant une autre des figures tutélaires de l’autotraduction, Vladimir Nabokov. S’appuyant sur la génétique textuelle, dont elle présente un certain nombre de pièces à conviction, Anokhina s’interroge sur le mythe, à savoir sur l’opportunité de reconsidérer Nabokov non plus tant comme un autotraducteur que comme un traducteur. Elle montre en effet qu’il ne s’agit pas chez le virtuose trilingue (russe, français, anglais) d’une simple autotraduction différée, mais qu’il procédait souvent en deux temps pour passer d’une œuvre écrite par lui en russe à la version anglaise, en s’appuyant sur une traduction allographe intermédiaire confiée à un traducteur suffisamment malléable (entre autre, son propre fils – configuration également pratiquée, comme l’affirme Recuenco, par Alexakis depuis quelques années) pour accepter que son travail soit considérablement révisé par le maître (ce qui n’est, semble-t-il, pas le cas d’Alexakis). Les exemples produits témoignent chez Nabokov d’une compétence linguistique et culturelle hors-pair et d’une totale liberté créative à tous les stades du processus.
Le texte rédigé par Helena Tanqueiro et Meritxell Soria interroge pour sa part, dans la lignée des travaux antérieurs de Tanqueiro, l’autotraduction « in mente », à savoir celle qui n’advient pas dans le texte, parce qu’innécessaire en quelque sorte au lecteur-cible qui en décode implicitement le contenu, pour l’essentiel d’ordre culturel et non pas tant linguistique. Elles prennent appui sur le roman La testa perduta di Damasceno Monteiro d’Antonio Tabucchi, écrit en italien et autotraduit en portugais, langue qui correspond intégralement au contenu référentiel. Au lecteur italien, Tabucchi doit fournir des commentaires dont le lecteur portugais n’a nul besoin puisqu’il est en mesure de les décoder par lui-même. La comparaison d’une troisième version, traduction allographe en espagnol, vient conforter l’analyse : le lecteur espagnol est logé à la même enseigne que son homologue italien ; seul le détenteur des données contextuelles peut se contenter d’une version à bien des égards elliptique.

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Avec les textes qui parachèvent ce dossier, on entre dans une dimension qu’une approche contrastive par langue voire par culture, de la sociolinguistique, récuserait sans doute. Il n’en demeure pas moins que la situation exposée dans la contribution de Chiara Montini, par ailleurs spécialiste de Beckett, nous ramène au fondement même de la notion de diglossie. Les contextes italiens qu’elle explore – ici, l’œuvre de Dolores Prato, originaire des Marches, à l’est de Florence – sont travaillés par l’écart entre italien standard et dialetti, à ceci près que chez Prato, les variétés (que ce soit d’un point de vue diatopique ou diastratique) ne sont pas considérées comme telles, mais bien comme deux langues rendues distinctes au plan des affects, ainsi qu’en témoigne le récit autobiographique étudié. Montini, s’outillant de génétique textuelle et d’écrits psychanalytiques, met en évidence la valeur, mi-« entomologique » mi-subversive, des immixtions dialectales dans le corps du texte écrit en italien standard, non seulement comme autant de madeleines de Proust, mais aussi en tant que marques d’une normalisation sociale subie. Montini considère que le grincement des deux modalités, en tant qu’autotraduction non-aboutie, constitue chez Prato une étape préalable à l’assomption du sujet et à sa pacification.
L’écrivain argentin Manuel Puig, figure atypique de la littérature latinoaméricaine contemporaine, en marge du boom dont le Cent ans de solitude de García Márquez est le totem, est davantage connu pour ses romans que pour les scénarios qu’il écrivit dans sa jeunesse, dans un anglais approximatif, pour Hollywood. Sa compatriote Delfina Cabrera met en lumière chez lui une écriture en « demi-langue », là par incompétence, plus tard dans une perpétuelle recherche de la traduction de soi, au-delà de ce qui devrait être considéré comme sa langue maternelle. Son espagnol n’est ni celui académique de la péninsule ibérique ni celui populaire du Río de la Plata, mais bien celui qu’il se forge au gré de ses pérégrinations en Europe et aux Amériques et bien plus encore en fonction des personnages toujours marginaux dont il travaille avant tout l’oralité. Puig n’a donc nul besoin de changer de langue pour en changer et pour la changer, nous dit Cabrera. Tresser les multiples fils des langues mineures (au sens de Deleuze et Guattari), c’est traduire et se traduire en permanence, car aucune arme n’est à écarter pour subvertir l’éternel prurit de clôture du monolinguisme – voire de l’unilinguisme.

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Cette déambulation à travers des contextes géographiques, historiques, linguistiques, culturels et politiques variés, permettra, on l’espère, au lecteur de découvrir, non seulement combien les voies et les voix sont distinctes, mais surtout à quel point on ne saurait en rester, dans le cadre de l’étude de l’autotraduction, à vénérer une pléiade d’icônes – en vérité elles-mêmes imparfaites. Inscrire ces monstres sacrés aux côtés d’auteurs à la notoriété moins reconnue, sur la toile de fond d’un rapport inégal aux langues, au plan des affects et représentations intégrés individuellement, et des langues entre elles, dans leur dimension sociale au plan des usages et des représentations, via la diglossie et sa « textualisation », apparaîtra très vraisemblablement à ce même lecteur, autrement productif, autrement suggestif pour la recherche, parce qu’en fin de compte tellement plus proche de l’imperceptible tremblement dans lequel s’inscrivent l’humaine imperfection et les affres de la création, dans une langue, minorée ou « mineure », bien à soi.

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Notes

[1 ] L’occitan, étant donné sa complexité diasystémique, est a fortiori éligible dans cette catégorie.

[2 ] D’où la création par Marcellesi du terme « glottopolitique ». Pour un bilan de son empreinte sur la réflexion sociolinguistique, cf. Jean-Baptiste Marcellesi, Thierry Bulot, Philippe Blanchet (éds.) 2003, Sociolinguistique, et en particulier l’entretien accordé à ses collègues : « Parcours d’un sociolinguiste : de la langue corse au discours politique », pp. 11-38. Pour une évaluation de la démarche de Marcellesi, cf. Christian Lagarde, 2007.

[3 ] Pour une approche globale de la réflexion sociolinguistique de Lafont, cf. Robert Lafont, 1997 et la « Bibliographie linguistique et sociolinguistique de l’auteur » (op. cit. : 225-232), elle-même incomplète, eu égard à la date de son décès (2009). Pour avoir une idée d’ensemble de la prolixité de Lafont, on se reportera aux quelque 146 entrées (ouvrages, directions d’ouvrages et préfaces) répertoriées au Catalogue général de la BnF.

[4 ] Je ne reprends pas ici l’abondante bibliographie sociolinguistique d’Henri Boyer, bien connue des lecteurs de Glottopol.

[5 ] Les nombreux ouvrages et très nombreux articles écrits par Philippe Gardy ont été recensés par François Pic dans la « Bibliographie, scientifique et littéraire, de Philippe Gardy » qui introduit (p. 9-47) le volume d’hommage qui vient de lui être consacré : Jean-François Courouau, François Pic & Claire Torreilles (éds.) (2013).

[6 ] Une vision d’ensemble de l’œuvre de Georg Kremnitz est accessible à partir de Barbara Czernilofsky et al. (2007). On y ajoutera Kremnitz (1993), la direction scientifique de la monumentale Histoire sociale des langues de France (2013), et, au plan sociolittéraire Kremnitz (2004).

[7 ] Lengas, revue de sociolinguistique, publiée à Montpellier depuis 1977, qui compte 74 numéros parus, est actuellement disponible au format numérique à l’adresse < http://lengas.revues.org/>

[8 ] II Congrés de cultura catalana, Barcelona, 1976-1977.
[9 ] Dans la présentation faite par le groupe AUTOTRAD de ses visées, dans le cadre d’un numéro thématique de la revue roumaine Atelier de traduction (7, 2007 : 81-82), il est dit, au sujet de l’autotraduction, « champ d’analyse (…) prometteur » : « Malheureusement, ce dernier est le plus souvent associé au bilinguisme, et non pas à la littérature et à la traduction » et, plus loin, « AUTOTRAD cherche fondamentalement à éveiller l’intérêt des chercheurs (…) au sein de la Traductologie et de la Littérature comparée ». Le champ ayant été délimité et reconnu (entre autre avec la seconde contribution de Rainier Grutman à l’encyclopédie de Mona Baker, en 2009), l’ouverture à la sociolinguistique (et donc aux questions de bilinguisme, écartées dans un premier temps) est désormais à l’ordre du jour.

[10 ] Autotraduzione. Testi e Contesti. Convegno internazionale, Università di Bologna, 17-19 maggio 2011, <http://www2.lingue.unibo.it/autotraduzione/>

[11 ] Colloque Self-Translation in the Iberian Peninsula, University College Cork, 20-21 septembre 2013, programme : <http://self-trans-iberia.blogspot.fr>

[12 ] Olga Castro, Sergi Mainer & Svetlana Stomorkhova (eds.), Self-translation and Power: Negotiating Identities in European Multilingual Contexts (Appel à contributions : <http://vertalen.augent.be/file/94>), à paraître.

[13 ] L’unilinguisme, d’une part, va au-delà du monolinguisme, en ce qu’il se présente comme exclusif ; d’autre part, est d’ordre idéologique (et relève donc des représentations) et non pas des usages ou des compétences.

[14 ] Le « réintégrationnisme » est un mouvement qui, au-delà de la partition politique ancienne (avec, au XIe siècle, la création du royaume du Portugal) du domaine galaïco-portugais, prône la « réintégration » de l’aire linguistique galicienne et de ses productions culturelles dans celle du portugais, par scission de fait de la culture galicienne de l’espagnole.

[15 ] La langue basque (en basque : euskera ou euskara) est une langue non indo-européenne dont la xénité nuit à l’intercompréhension, contrairement à l’ensemble roman ibérique.

[16 ] ou « Pays basque français » ; en basque, Iparralde.

[17 ] La dénomination « langues régionales » est celle, officielle en France et dans l’Union européenne (cf. la Charte des langues régionales et minoritaires). En France, elle entre partiellement en concurrence, depuis 1999 (« liste Cerquiglini ») avec celle de « langues de France », dont le mérite est de prendre acte d’une présence multilingue au sein de la nation française (en opposition avec la conception « unilinguiste » qui a longtemps prévalu – sans pour autant disparaître), mais dont les 79 composantes reposent sur des critères hétérogènes et partant discutables.

[18 ] Pierre-Jakez Hélias, Le cheval d’orgueil, Paris, Plon, 1975.

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Sommaire

Christian Lagarde : Des langues minorées aux « langues mineures » : autotraduction littéraire et sociolinguistique, une confrontation productive

2

Rainier Grutman : L’autotraduction : de la galerie de portraits à la galaxie des langues.

14

Christian Lagarde  : De l’individu au global : les enjeux psycho-sociolinguistiques de l’autotraduction littéraire.

31

Julio-César Santoyo : Consideraciones acerca del estatus actual de la autotraducción en la Península Ibérica.

47

Xosé Manuel Dasilva : Los horizontes lingüísticos del autotraductor. Una visión a partir del contexto de Galicia.

59

Elizabete Manterola Agirrezabalaga : La autotraducción en el contexto vasco : entre distancia interlingüistica y la constitución de un campo literario nacional transfronterizo.

71

Katixa Dolharé Çaldumbide : L’autotraduction comme résistance aux idéologies aliénantes et voie vers la paix : l’exemple de l’œuvre d’Itxaro Borda au Pays basque nord (Iparralde).

88

David ar Rouz : De l’autotraduction à la traduction de soi : éléments de réflexion bretonne.

103

Erwan Hupel : Le cœur et l’esprit : déchirements et stratégies d’autotraduction chez quelques auteurs bretons.

124

Joan-Claudi Forêt  : L’auteur occitan et son double.

136

Turo Rautaoja et Yves Gambier : L’autotraduction : une pratique ancienne, un concept ambigu. Le cas du Suédo-Finlandais Karl Ekman.

151

Peggy Pacini : L’autotraduction chez Grégoire Chabot : médiation, transmission, survie d’une communauté et d’une littérature de l’exigüité.

163

Michel Calapodis et Elisa Hatzidaki : Du bilinguisme littéraire à la diglossie socio-historique : le cas de l’œuvre de Vassilis Alexakis.

178

María Recuenco Peñalver : Vassilis Alexakis ou le paradoxe systématique de l’autotraduction.

187

Olga Anokhina  : Les traductions vers l’anglais de Vladimir Nabokov : traduction ou autotraduction ?

198

Helena Tanqueiro et Meritxell Soria : Análisis traductológico de referentes culturales en La testa perduta di Damasceno Monteiro de Antonio Tabucchi.

211

Chiara Montini: S’autotraduire en traduisant les mots : la vie entre deux langues de Dolores Prato.

223
Delfina Cabrera : Ecrire en « demi-langue ». Multilinguisme et autotraduction dans les premiers scénarios de Manuel Puig.
235

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L'autotraduction : une perspective sociolinguistique

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Des langues minorées aux « langues mineures » : autotraduction littéraire et sociolinguistique, une confrontation productive par Christian Lagarde

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L’autotraduction : de la galerie de portraits à la galaxie des langues par Rainier Grutman 

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De l’individu au global : les enjeux psycho-sociolinguistiques de l’autotraduction littéraire par Christian Lagarde

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Consideraciones acerca del estatus actual de la autotraducción en la Península Ibérica par Julio-César Santoyo

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Los horizontes lingüísticos del autotraductor. Una visión a partir del contexto de Galicia par Xosé Manuel Dasilva

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La autotraducción en el contexto vasco : entre distancia interlingüistica y la constitución de un campo literario nacional transfronterizo par Elizabete Manterola Agirrezabalaga

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L’autotraduction comme résistance aux idéologies aliénantes et voie vers la paix : l’exemple de l’œuvre d’Itxaro Borda au Pays basque nord (Iparralde) par Katixa Dolharé Çaldumbide

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De l’autotraduction à la traduction de soi : éléments de réflexion bretonne par David ar Rouz

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Le cœur et l’esprit : déchirements et stratégies d’autotraduction chez quelques auteurs bretons par Erwan Hupel

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L’auteur occitan et son double par Joan-Claudi Forêt

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L’autotraduction : une pratique ancienne, un concept ambigu. Le cas du Suédo-Finlandais Karl Ekman par Turo Rautaoja et Yves Gambier

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L’autotraduction chez Grégoire Chabot : médiation, transmission, survie d’une communauté et d’une littérature de l’exigüité par Peggy Pacini 

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Du bilinguisme littéraire à la diglossie socio-historique : le cas de l’œuvre de Vassilis Alexakis par Michel Calapodis et Elisa Hatzidaki

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Vassilis Alexakis ou le paradoxe systématique de l’autotraduction par María Recuenco Peñalver

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Les traductions vers l’anglais de Vladimir Nabokov : traduction ou autotraduction ? par Olga Anokhina

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Análisis traductológico de referentes culturales en La testa perduta di Damasceno Monteiro de Antonio Tabucchi par Helena Tanqueiro et Meritxell Soria

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S’autotraduire en traduisant les mots : la vie entre deux langues de Dolores Prato par Chiara Montini

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Ecrire en « demi-langue ». Multilinguisme et autotraduction dans les premiers scénarios de Manuel Puig par Delfina Cabrera

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Résumés

L’autotraduction : de la galerie de portraits à la galaxie des langues par Rainier Grutman 

Plutôt que de les cantonner dans le rôle en quelque sorte honorifique d'exception géniale, cet article préfère envisager les autotraducteurs comme des agents interculturels qui renégocient chacun à sa façon le rapport entre leurs langues d’écriture, tout en sachant que cette négociation ne peut faire abstraction de la hiérarchisation inhérente, non seulement aux diverses situations locales de contact linguistique mais également, à l’échelle planétaire, à la logique gravitationnelle de la « galaxie » géopolitique des langues.

Mots clés : autotraduction, asymétrie, diglossie, agentivité, modèle gravitationnel

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De l’individu au global : les enjeux psycho-sociolinguistiques de l’autotraduction littéraire par Christian Lagarde

La question abordée dans cet article est celle des motivations susceptibles d’inciter un auteur, nécessairement bilingue en pareil cas, à traduire lui-même ses productions littéraires. Outre qu’il dispose d’autres stratégies alternatives, on s’interroge avant tout sur le leurre que serait de présenter cette pratique comme étant à l’évidence un choix non contraint. Si ce peut l’être pour certains créateurs, pour beaucoup cette option est conditionnée par un parcours de vie qui les place en rupture avec leur environnement linguistique et culturel natif, ou bien encore parce qu’ils sont pris dans un processus diglossique dont ils tentent ainsi de contourner les pesanteurs. Il paraît difficile en effet de passer outre la structuration, aussi bien de la « galaxie des langues » que des champs et polysystèmes, qui traduisent et obéissent à des rapports de domination.

Mots clés : autotraduction, sociolinguistique, diglossie, galaxie des langues, champ littéraire, polysystème

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Consideraciones acerca del estatus actual de la autotraducción en la Península Ibérica par Julio-César Santoyo

Présente dans la culture écrite de la Péninsule ibérique depuis le XIIe siècle, la pratique de l’autotraduction a gagné au long du XXe et dans les premières années du XXIe siècle un statut littéraire et sociolinguistique sans équivalent ailleurs dans le monde. Néanmoins, le phénomène de l’autotraduction péninsulaire ne saurait être abordé, d’un point de vue critique, comme un tout homogène, car les différences interrégionales peuvent être considérables, du fait qu’elles présentent des situations linguistiques héritées d’une longue histoire dont les origines remontent parfois aux premières lueurs du Moyen-Âge. Il en résulte la nécessité de singulariser l’étude des différents ensembles péninsulaires où est pratiquée aujourd’hui l’autotraduction. Tout au long de ces pages, on aborde de manière panoramique, contrastive et nécessairement abrégée, l’état du phénomène de l’autotraduction au Pays basque, en Catalogne, en Galice, aux Asturies, en Aragon et au Portugal, tout comme les pratiques autotraductives extrapéninsulaires.

Mots clés : autotraduction, basque, catalan, galicien, bable, aragonais, portugais, autotraductions extrapéninsulaires

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Los horizontes lingüísticos del autotraductor. Una visión a partir del contexto de Galicia par Xosé Manuel Dasilva

L’objet de cet article consiste à aborder les horizons linguistiques auxquels un auteur est confronté lorsqu’il décide de traduire lui-même son œuvre écrite dans une autre langue. A cet effet, on considère comme préliminaire les motifs qui poussent à préférer se traduire personnellement, en accordant une attention particulière, parmi elles, au désir d’atteindre une plus grande audience. La partie principale de cette étude, centrée sur le contexte galicien, envisage la décision des auteurs de cet espace culturel face aux alternatives que constituent l’espagnol et le portugais comme langues cibles pour leurs productions autotraduites.

Mots clés : autotraduction, bilinguisme, galicien, portugais.

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La autotraducción en el contexto vasco : entre distancia interlingüistica y la constitución de un campo literario nacional transfronterizo par Elizabete Manterola Agirrezabalaga

L'objectif principal de cet article est de fournir au lecteur une image détaillée de la situation littéraire basque, avec un accent particulier sur le rôle et le travail accompli par la traduction et l’autotraduction en castillan et français. S’agissant d’une littérature minorisée située dans des contextes sociolinguistiques et administratifs différents (Communauté Autonome Basque, Communauté Forale de Navarre dans l'espace espagnol ; Pays basque nord ou Iparralde dans les Pyrénées-Atlantiques en France), on verra dans quelle mesure ces divergences influent effectivement sur la création culturelle et littéraire. La situation sociolinguistique très différente et  l'institutionnalisation ou non de la langue basque dans ces trois régions déterminent chez leurs citoyens des degrés de compétence, d’usage et des représentations bien différents. On analyse ensuite la production littéraire et on s’interroge sur l’existence et l’autonomie du système littéraire basque,  influencé par les systèmes français et espagnol dont les langues sont bien présentes, et son hétérogénéité en fonction des subdivisions administratives. C’est sur cette base qu’est analysée la présence de l'autotraduction dans la littérature basque et son rôle dans l'exportation de celle-ci, qui s’opère de manière très différente vers l’espagnol et vers le français.

Mots clés : autotraduction asymétrique, littérature minoritaire, système littéraire transfrontalier, littérature basque, distance interlinguistique

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L’autotraduction comme résistance aux idéologies aliénantes et voie vers la paix : l’exemple de l’œuvre d’Itxaro Borda au Pays basque nord (Iparralde) par Katixa Dolharé Çaldumbide

La société basque dans son ensemble vit, depuis le début des années 2000, un tournant historique marqué par la fin de la violence armée et par le début d’un processus de paix juste et démocratique. Pourtant, la littérature basque d’Iparralde (Pays basque de France) semble en décalage avec ces avancées, pour des raisons principalement idéologiques. Une seule voix se détache en toute liberté des systèmes de pensée militants, celle d’Itxaro Borda. Non seulement cette écrivaine ose traiter de sujets politiquement incorrects au regard des idéologies abertzale, mais encore, elle reconnaît avoir été amenée à libérer son identité et ses convictions profondes par l’exercice de la traduction puis de l’autotraduction. Ces pratiques, qu’elle considère comme les fondements d’une expérience individuelle totale, la mènent à proposer une œuvre inouïe en Iparralde, œuvre de résistance aux idéologies aliénantes et œuvre de paix en vue de la construction d’une nouvelle société basque.

Mots clés : Littérature basque, Itxaro Borda, processus de paix, idéologies abertzale, résistance

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De l’autotraduction à la traduction de soi : éléments de réflexion bretonne par David ar Rouz

L’autotraduction est une pratique très particulière de la traduction qui offre de ce fait des enseignements précieux sur la traduction en général. En tenant compte, en outre, des conditions sociolinguistiques de son exercice, on enrichit encore la réflexion et le cas breton s’avère alors intéressant à bien des égards. Après avoir tenté de dresser un inventaire des autotraducteurs littéraires et de leurs œuvres plurilingues en Bretagne, l’article examine les motivations des autotraducteurs ayant pour langues de travail des langues centrales, puis celles des autotraducteurs bretons, que l’on retrouverait certainement chez tous ceux qui traduisent entre une langue périphérique et une langue centrale. Ce questionnement des motivations, sans s’en tenir exclusivement à la littérature et associé au panorama établi en premier lieu, permet de mettre en évidence que la pratique et l’acceptation de l’autotraduction sont intimement liées à l’évolution sociolinguistique, parce qu’elles impliquent l’être social des acteurs, auteurs comme lecteurs, locuteurs et auditeurs.

Mots clés : autotraduction, traduction de soi, autotraducteurs, breton, Bretagne


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Le cœur et l’esprit : déchirements et stratégies d’autotraduction chez quelques auteurs bretons par Erwan Hupel

Le présent article s'intéresse aux démarches d'autotraduction depuis une langue minorisée à travers l'exemple de différents auteurs brittophones. Il s'agit ici de considérer le réseau d'interférences entre texte original et texte autotraduit dans le cadre d'un conflit diglossique entre langue bretonne et langue française. La première partie de l'analyse porte sur les démarches de différents autotraducteurs et sur les intentions qui président à l'acte d'autotraduction. Depuis l'idée d'un compromis territorial entre le texte et son double, suivant l'axiome « langue du coeur, langue de l'esprit », jusqu'aux tentatives de dépaysement du conflit diglossique par l'autotraduction vers une autre langue (l'anglais ou l'espéranto) en passant par les stratégies de reterritorialisation du texte où l'autotraduction, faute de s'assumer, se dénonce par le recours à divers artifices (gloses, bretonnismes, indices péritextuels, archaïsmes). La seconde partie de l'analyse rend compte des nouvelles lectures du texte original induites par l'existence du texte autotraduit. Certaines autotraductions « égalitaires » semblent témoigner d'une relecture/réécriture plutôt que d'une autotraduction à sens unique et posent la question de l'écriture bilingue alors que les procédés de reterritorialisation, voire de surterritorialisation dans l'autotraduction renvoient à un texte original atrophié devant sa traduction. Les voies empruntées par l'autotraducteur nous renseignent ainsi, au-delà des postures et des professions de foi, sur son rapport avec le texte original et la situation diglossique dans laquelle il écrit et s'autotraduit

Mots clés : autotraduction, bretonnisme, diglossie, hypertexte, hypotexte, langue bretonne, littérature brittophone, reterritorialisation, surterritorialisation.

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L’auteur occitan et son double par Joan-Claudi Forêt

L'écrivain occitan écrit à l'ombre du français, en général pour se démarquer de cette langue qui envahit sa conscience, comme toute langue première. Au classique malaise diglossique se superpose donc l'impossible souhait d'un oubli, même temporaire, du français. L'autotraduction pratiquée pour briser l'isolement linguistique est un nouveau facteur de mauvaise conscience. À partir de l'exemple d'écrivains occitans modernes, on étudie les différentes formes que prend cette autotraduction, ses choix génériques et ses problèmes éditoriaux, les bonheurs et les souffrances qu'elle engendre.

Mots clés : autotraduction, diglossie, occitan, littérature, prose, poésie

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L’autotraduction : une pratique ancienne, un concept ambigu. Le cas du Suédo-Finlandais Karl Ekman par Turo Rautaoja et Yves Gambier

L’autotraduction est une pratique ancienne. Son étude reste souvent limitée aux écrivains canoniques. Après avoir rappelé quelques motifs pour autotraduire, nous aborderons les réalités multiples que peut recouvrir la notion d’autotraduction. Il sera temps alors de traiter de notre cas suédo-finlandais, de le replacer dans le contexte socio-politique et culturel de la Finlande des débuts du 20è siècle. Ce qui pouvait apparaitre comme un cas simple va se révéler assez complexe, dans le cadre d’un rapport de forces instable entre les langues en présence. Le profil de l’auteur-traducteur (présumé) se constitue dans un bilinguisme diglossique qui va évoluer au cours des années.

Mots clés : autotraducteur endogène, bilinguisme, diglossie, Sibelius, traduction symétrique

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L’autotraduction chez Grégoire Chabot : médiation, transmission, survie d’une communauté et d’une littérature de l’exigüité par Peggy Pacini 

L’étude proposée est une réflexion autour de l’usage et de la pratique de l’autotraduction chez Grégoire Chabot, auteur-dramaturge franco-américain de la Nouvelle-Angleterre. Elle vise à mettre en lumière les mécanismes, les enjeux et les facteurs extratextuels qui ont conduit l’auteur à s’autotraduire. Pour cela, le corpus choisi se construit autour de quatre pièces et de trois courts récits écrits depuis la fin des années 1970 dont le caractère polymorphe et complexe des textes sources en français mérite qu’on s'y attarde. L’étude interroge avant tout les langues source(s) et cible au prisme du bilinguisme de la communauté d’origine de l’auteur, de son histoire et surtout de sa situation actuelle  et de son identité francophone, afin de penser les nécessités contextuelles à l’origine de l’autotraduction. Elle travaille l’écart et la fusion au sein même de ces textes autotraduits qui rendent compte de toute la complexité d’une communauté entre-deux où autotraduction et bilinguisme cohabitent au quotidien et dont les auteurs écrivent en contexte minoritaire de quasi invisibilité. Cette étude vise à montrer comment la production de l’auteur appelle à une remise en cause individuelle et collective de l’identité franco-américaine, qui, chez Chabot, se joue au niveau de la langue et des inégalités linguistiques que les textes autotraduits soulèvent. Elle analyse, enfin, l’évolution du processus d’autotraduction au fil des œuvres de Chabot afin de comprendre comment et pourquoi l’autotraduction est un passage obligé pour l’auteur et sa communauté, une forme de médiation, de transmission, de survie.
Aussi reviendra-t-on tout d’abord sur le contexte qui a présidé au renouveau et à la perte de la langue française en Nouvelle-Angleterre ainsi qu’aux diverses initiatives de traductions et d’autotraductions, afin de resituer le champ de production culturelle dans lequel s’inscrit la démarche d’autotraduction de l’auteur. On abordera ensuite la question du rapport entre autotraduction et bilinguisme dans un contexte sociolinguistique asymétrique et la façon dont cette réalité transparaît dans les textes source et cible. Ce faisant, on ne manquera pas de s’interroger sur le caractère diglossique d’une production à 80 % écrite dans un français dialectal qui a emprunté à la fois au joual et à l’acadien tout en s'enrichissant ou s’appauvrissant au contact de l’américain. Mais par-delà cette diglossie en héritage, chez Chabot, c’est avant tout dans la cohabitation des langues que l’autotraduction s’opère et dans un bilinguisme en partage qu’elle trouve son originalité et son identité. On reviendra donc sur les modalités retenues par Chabot pour accommoder ses deux langues en partage, sur les contraintes avec lesquelles il a dû et doit composer ainsi que sur les choix qu’il a opérés, avant de conclure sur l’évolution du rapport de l’auteur à ses textes autotraduits où textes source et cible se complètent et exploitent tous les ressorts et toutes les possibilités langagières des deux langues. En faisant la part belle à la création asymétrique, ces textes en regard ou/et en traduction finissent par se lire comme une multiplication des états du texte, comme différentes strates qui se solidifient pour proposer les fondements d’une identité linguistique autonome et en mutation.

Mots clés : Grégoire Chabot, bilinguisme, diglossie, autotraduction, Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre, oralité, langue et identité

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Du bilinguisme littéraire à la diglossie socio-historique : le cas de l’œuvre de Vassilis Alexakis par Michel Calapodis et Elisa Hatzidaki

L’analyse sémantique du discours alexakien met en évidence un double phénomène : d’une part, un système et répertoire du parler individuel, un idiolecte français ou grec qui soutient un moi autobiographique et une quête personnelle cantonnée à la sphère du privé. Parallèlement, et en tant que véhicule des identités collectives grecques, se déploie une diglossie de contenu, interne au français, qui instaure une discontinuité dans le traitement des représentations sociales. Ainsi, les champs sociohistoriques abordés dans le corpus français de l’écrivain sont presque totalement codés par les représentations diachroniques de l’hellénisme, c’est-à-dire non pas simplement du néo-hellénisme limité à l’État grec actuel, mais du panhellénisme historique des deux empires byzantin et ottoman. C’est pourquoi la pratique alexakienne présente pour le sociohistorien un intérêt majeur, car elle lui offre la possibilité d’analyser la façon dont sont sélectionnées et ordonnées les représentations collectives des deux ensembles sociaux, grec et français.

Mots clés : approche sociolinguistique, approche sociohistorique, autotraduction, bilinguisme, continuité, diglossie, néo-hellénisme, panhellénisme, ruptures.

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Vassilis Alexakis ou le paradoxe systématique de l’autotraduction par María Recuenco Peñalver

Vassilis Alexakis est l’un des auteurs les plus consacrés de la diaspora grecque contemporaine dans les pays francophones, écrivain bilingue (créateur d’œuvres en grec et en français), et autotraducteur systématique. Il s’est également révélé exemplaire dans son application de la perspective sociolinguistique à l’étude de l’autotraduction. Chez Alexakis, les deux activités de l’écriture et de l’autotraduction constituent de précieux outils d’exploration de la réalité linguistique et culturelle, aussi bien de l’auteur que de l’individu, aptes à réconcilier les différents éléments qui les composent, et à finalement établir un équilibre entre les différents aspects linguistiques, culturels et identitaires. C’est ainsi qu’Alexakis parvient à formuler son identité plurielle, hybride et intermédiaire.

Mots clés : Vassilis Alexakis, autotraduction, littérature, identité, questionnement identitaire, diaspora, scriptothérapie, réalité linguistique et culturelle, hybridité.

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Les traductions vers l’anglais de Vladimir Nabokov : traduction ou autotraduction ? par Olga Anokhina

Après avoir présenté rapidement la typologie des pratiques scripturaires des écrivains plurilingues, nous nous arrêterons sur l’autotraduction que nous considérons comme l’écriture consécutive, par opposition avec l’écriture parallèle, le code switching ou encore la séparation fonctionnelle des langues, stratégies créatives que nous avons pu observer dans le processus d’écriture de ces écrivains. L’autotraduction permet à l’écrivain de prolonger le travail d’écriture, en créant un continuum créatif grâce au passage à une autre langue. En nous appuyant sur le cas de Vladimir Nabokov, qui avait pour l’habitude de superviser la traduction de ses œuvres vers l’anglais et vers le français,  nous interrogerons la frontière difficile à déterminer entre l’autotraduction et la traduction.

Mots clés : autotraduction, Nabokov, écrivain plurilingue, code switching

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Análisis traductológico de referentes culturales en La testa perduta di Damasceno Monteiro de Antonio Tabucchi par Helena Tanqueiro et Meritxell Soria

Cet article présente une étude exploratoire qui analyse la façon de résoudre les problèmes de traduction de nature culturelle dans le contexte de l’autotraduction in mente. Grâce à l’analyse d’un cas d’étude, le roman La testa perduta di Damasceno Monteiro, d’Antonio Tabucchi, ouvrage écrit en italien, mais qui offre le portrait de la culture portugaise, nous prétendons démontrer que lors de son écriture, l’auteur dépasse les barrières culturelles afin que le lecteur de départ, italien, comprenne le message. Dans ce cas, pendant le processus de création, se développe un processus parallèle de traduction : « l’autotraduction in mente » – au sein de la propre langue originale. L’ouvrage italien est comparé à ses traductions en portugais et en espagnol afin de démontrer, dans un premier temps, que le traducteur portugais opère un processus inverse à celui réalisé par l’auteur au moment de présenter l’ouvrage à ses lecteurs italiens. Dans un deuxième temps, que le traducteur espagnol se sert de « l’autotraduction in mente » comme un modèle pour sa traduction.

Mots clés : La Testa Perduta di Damasceno Monteiro, Antonio Tabucchi, analyse traductologique, autotraduction, autotraduction in mente, référent culturel

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S’autotraduire en traduisant les mots : la vie entre deux langues de Dolores Prato par Chiara Montini

L’écrivain qui vit dans plusieurs langues, quelle qu’en soit la raison, a besoin de créer son asile dans la langue nouvelle. L’autotraduction est une des pratiques d’écriture dont se servent les écrivains multilingues pour inscrire leur expérience linguistique dans le corps de l’écriture tout en créant leur « demeure subjective » en deux langues. L’autotraduction « aboutie » présuppose la séparation entre les deux langues et les deux textes, mais le travail sur le processus d’écriture, celui grâce auquel le passage d’un texte à l’autre a lieu, montre que l’autotraduction est également « mise en rapport » (Berman, 1984) entre deux (voire plusieurs) univers linguistiques. Le travail de Dolores Prato que je définis comme l’entre-deux de l’autotraduction, du fait que ses deux variétés linguistiques, même si elles sont traduites, coexistent dans un seul texte, est en ce sens significatif. Son écriture témoigne d’une autotraduction inachevée où elle travaille moins sur des langues « véritablement étrangères », que sur les variétés diatopiques de la langue italienne dont elle montre l’écart incommensurable. En racontant son autobiographie, qui se crée à travers cette diglossie, où chaque mot traduit un univers différent, Prato ne raconte pas seulement son moi divisé, voire clivé, mais aussi une tranche de l’histoire linguistique de l’Italie.

Mots clés : autotraduction, diglossie, diatopie, langues et domicile subjectif, génétique des textes, Dolores Prato, Italie

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Ecrire en « demi-langue ». Multilinguisme et autotraduction dans les premiers scénarios de Manuel Puig par Delfina Cabrera

L’image d’écrivain de Manuel Puig (1932-1990), construite par les critiques et par lui-même autour de son excentricité littéraire et politique, reste toujours celle d'un auteur « étrange » et « étranger » au système littéraire argentin. Néanmoins, si nous tenons compte de l'attention portée aux caractéristiques principales de son œuvre (la déstabilisation des genres narratifs, la tension entre la culture des élites et la culture populaire, l’absence de narrateur omniscient, les questions de genre), la particularité de son écriture multilingue et de ses pratiques de traduction n'a pas fait l'objet de beaucoup d’analyses. Cet article vise donc à montrer que l’écriture entre les langues traverse la littérature de Puig depuis ses premiers textes, deux scénarios de cinéma écrits dans les années 1950. De même, nous tenterons de démontrer que l'hégémonie que le paradigme monolingue a historiquement exercée dans la critique littéraire latino-américaine, constitue un facteur important qui n’a pas permis de percevoir Puig en tant qu'écrivain multilingue et autotraducteur.

Mots clés : Manuel Puig ; multilinguisme ; autotraduction ; littérature latino-américaine ; littérature argentine.

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Dernière mise à jour :

20 février 2015

 

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